Chers amis,

Emmanuel Macron voudrait « positionner la France comme un champion de la santé ».

Qui est l’auteur de cette déclaration ?

Je vais vous le dire dans cette lettre : vous allez comprendre pourquoi son identité suffit, à elle seule, à nous éclairer sur la vision de la santé qui est actuellement celle des hommes politiques gouvernant notre pays.

Mais avant cela, je voudrais vous parler d’un autre « signe du temps » concernant la norme de la santé dans notre pays, qui serait risible… s’il n’était aussi inquiétant.

Haro sur la vitamine D

Je vous parle régulièrement de vitamine D, hormone (car oui, malgré son nom, c’est bel et bien une hormone) indispensable à notre organisme, notamment pour la santé osseuse et l’immunité.

Je rappelle à toutes fins utiles que, dès le printemps 2020, une carence en vitamine D a été associée à un risque accru de formes graves, d’hospitalisation et même de mort pour cause de Covid-19 – à tel point que l’Académie de médecine avait elle-même exprimé sa recommandation de supplémentation dans un communiqué officiel[1].

Mais, pour tous ceux qui n’auraient pas entendu parler de vitamine D avant le Covid, sachez que ses bienfaits sont non seulement connus depuis un bail (l’huile de foie de morue que l’on donnait aux enfants contre le rachitisme autrefois, c’était pour la vitamine D) mais également confirmés par des études, année après année, contre :

  • Des cancers[2];
  • Le diabète[3];
  • La sclérose en plaque[4];
  • L’épilepsie[5];
  • etc

Son intérêt est d’autant plus important qu’il est presque impossible de faire une « overdose » de vitamine D : il faudrait en avaler un flacon entier avant d’avoir des effets secondaires gênants. 

Bref, la vitamine D est l’une des rares molécules à faire l’unanimité dans l’ensemble du monde médical et scientifique.

Et c’est pourtant bien à cette vitamine D, bienfaisante et non-dangereuse, que le gouvernement a décidé de s’attaquer discrètement mais efficacement, par un décret censé entrer en vigueur ce mois-ci[6].

Le décret en question assimile en effet la vitamine D à… un perturbateur endocrinien.

Pour être identifiée comme « perturbateur endocrinien », une substance doit avoir fait la preuve de son interférence néfaste avec l’organisme.

Plusieurs substances classées comme telles ont été interdites, comme le bisphénol A.

Mais qu’a à voir la vitamine D là-dedans ?

Eh bien… rien, nous concernant.

Ce qui est en façade visé par cette mesure, c’est l’utilisation de la vitamine D à haute dose par l’industrie chimique pour fabriquer… de la mort aux rats[7] !

Aucun rapport, donc, avec la prise de vitamine D sous forme de complément alimentaire, recommandée aux nouveau-nés et aux personnes âgées, et à toute personne adulte entre les mois d’octobre et de mai.

Mais, la loi est ainsi faite que c’est bel et bien la vitamine D sous forme de complément alimentaire qui est menacée par ce décret, comme n’a pas manqué de le souligner la sénatrice Dominique Estrosi Sassone dans une question adressée au gouvernement[8].

Ce décret remettant en question la « sécurité » de la vitamine D s’apparente donc en réalité à réduire encore plus, pour les thérapeutes comme pour les patients, la gamme des produits efficaces, naturels et sans danger pour la santé facilement disponibles en France, et peu coûteux.

Il s’agit à présent de se demander : à qui profiterait ce coup de Trafalgar ?

La réponse est simple : le premier « gagnant » de la marginalisation (comme pour l’homéopathie) voire de l’interdiction (comme pour l’artemisia annua) de produits de santé à prix modéré et/ou non-brevetable, c’est l’industrie pharmaceutique.

Et, comme par hasard, cette offensive contre la vitamine D se déroule au moment où l’État français déroule le tapis rouge à l’un de ces géants ayant pris des hormones de croissance depuis un peu plus d’un an, je parle du grand gagnant de la course vaccinale : Pfizer.

Pfizer est en train d’étendre son emprise en France

Cette emprise se manifeste d’abord évidemment par « l’abonnement » aux doses de rappel que le Pass vaccinal est en train d’engendrer – et dont l’entreprise américaine sera, c’est évident, la première bénéficiaire – mais aussi par des partenariats économiques sonnants et trébuchants faisant de la France la base avancée de Pfizer en Europe.

Ces partenariats ont été résumés dans Le Figaro jeudi dernier[9]  : 

  • Pfizer s’apprête à investir 520 millions d’euros en France sur cinq ans ;
  • Novasep, dans le Béarn, sera le lieu de production du principe actif du médicament anti-Covid de Pfizer ;
  • Des biotechs françaises vont être « investies » par Pfizer ;
  • Une part « significative » des futurs essais cliniques de l’industriel impliqueront des patients français.

Autrement dit, c’est la lune de miel entre Pfizer et la France.

« L’implication du président Macron a fait la différence », a sans ambages déclaré Albert Bourla, PDG de Pfizer, pour expliquer l’importance de ces investissements et de ces partenariats[10].

Le maintien du pass vaccinal dans le contexte d’endémisation du Covid ne répond à aucune raison sanitaire, mais bel et bien à des raisons exclusivement économiques.

Il nous donne également son agenda pour les années à venir, nous promettant des « lendemains qui chantent » :

« Dans les dix ans à venir, la pharmacie va connaître un boom, tiré par la science et la démographie, avec l’augmentation de l’espérance de vie et l’apparition de nouvelles maladies. Notre secteur va vivre une renaissance scientifique, grâce à la combinaison des découvertes de la biologie et du pouvoir de la technologie. Le Covid est un catalyseur et un accélérateur de ces transformations. Cette pandémie a aussi montré l’intérêt des collaborations public-privé et mis en lumière l’accélération du temps réglementaire. Si l’Agence européenne du médicament (EMA) et la FDA, l’autorité sanitaire américaine, n’avaient pas été si réactives, nous n’aurions ni traitement ni vaccin. Cette réactivité doit devenir la règle pour les traitements contre le cancer. »

Voici l’expression décomplexée d’une vision de la santé où la maladie n’est plus un problème à résoudre, mais une opportunité économique à saisir.

Le gouvernement français actuel a épousé cette vision. Au nom de ses intérêts économiques, et aux dépens des intérêts de sa population.

Portez-vous bien,

Rodolphe Bacquet


Sources :

[1] Académie nationale de Médecine (22.05.2020). Communiqué de l’Académie nationale de Médecine : Vitamine D et Covid-19. https://www.academie-medecine.fr/communique-de-lacademie-nationale-de-medecine-vitamine-d-et-covid-19/

[2] Halicka H D, Zhao H, Li J, et al. (2012). Attenuation of constitutive DNA damage signaling by 1,25-dihydroxyvitamin D3. Aging, 4(4), 270–278. https://doi.org/10.18632/aging.100450

[3] von Hurst PR, Stonehouse W, & Coad J. Vitamin D supplementation reduces insulin resistance in South Asian women living in New Zealand who are insulin resistant and vitamin D deficient – a randomised, placebo-controlled trial. Br J Nutr. 2010 Feb;103(4):549-55. doi: 10.1017/S0007114509992017.

[4] Jagannath VA, Fedorowicz Z, Asokan GV et al. (2010). Vitamin D for the management of multiple sclerosis. Cochrane Database of Systematic Reviews 2010, Issue 12. Art. No.: CD008422. DOI: 10.1002/14651858.CD008422.pub2

[5] Holló A, Clemens Z, Kamondi A, et al. (2012). Correction of vitamin D deficiency improves seizure control in epilepsy: a pilot study. Epilepsy Behav. 24(1):131-3. doi: 10.1016/j.yebeh.2012.03.011.

[6] République française. Décret n° 2021-1110 du 23 août 2021 relatif à la mise à disposition des informations permettant d’identifier les perturbateurs endocriniens dans un produit. https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000043964950

[7] Sénat. (13.01.2022). Projet d’arrêté fixant la liste des substances présentant des propriétés de perturbation endocrinienne et inclusion de la principale forme de vitamine D

15e legislature. Question écrite n° 26178 de Mme Dominique Estrosi Sassone (Alpes-Maritimes – Les Républicains) https://www.senat.fr/questions/base/2022/qSEQ220126178.html

[8] Ibid.

[9] Lentschner K, Letessier I & Martin J-O (16.01.2022). Le patron de Pfizer au Figaro: «Nous allons bientôt reprendre une vie normale». Le Figaro. https://www.lefigaro.fr/societes/le-patron-de-pfizer-au-figaro-nous-allons-bientot-reprendre-une-vie-normale-20220116

[10] Ibid.