Chers amis,

Quand on pense « longévité », on pense généralement « patrimoine génétique », « alimentation » et « activité physique ».

Et à juste titre.

Mais d’autres facteurs plus surprenants peuvent rentrer en jeu.

Ces dernières années, des chercheurs ont ainsi identifié des critères faisant une différence statistique inattendue.

Vous pourrez ainsi désormais penser « taux de fer », « âge de procréation » et… « animal ».

Aujourd’hui je vais vous parler du premier.

Ils donnent du sang, et sont protégés du cancer et de l’infarctus en retour !

Si vos taux de fer sanguin sont toujours dans les limites basses de la normalité, ne cherchez surtout pas à les remonter : cela vous donne un avantage en termes de longévité.

Les indices s’accumulaient depuis plusieurs années sur les liens entre un faible taux de fer et une meilleure santé : en 2008 par exemple, des chercheurs finlandais ont publié les conclusions d’une étude menée durant 4 ans auprès de 3’000 hommes de plus de 40 ans, dont 1’200 donneurs de sang réguliers.

Les auteurs ont ainsi observé que les donneurs de sang réguliers (au moins deux fois par an) étaient significativement moins susceptibles de développer un cancer que la population « non-donneuse ».

Cet avantage s’expliquerait, selon les chercheurs, par la perte de fer sanguin qu’occasionnerait le don du sang, d’autant que les cancers que s’épargneraient les donneurs – à savoir principalement les cancers du foie, du poumon, du côlon, de l’estomac et de l’œsophage – sont connus pour avoir comme facteur de risque un fort taux de fer[1].

A noter qu’une décennie plus tôt, d’autres chercheurs du même pays avaient observé, après avoir suivi 9 ans durant 2’862 hommes âgés de 42 à 60 ans, que les donneurs réguliers diminuaient leur risque d’infarctus du myocarde de 88%[2] !

Déjà à l’époque, cette étude accréditait l’hypothèse que l’abaissement des taux de fer sanguin était un facteur protecteur de la santé cardiovasculaire.

Mais il y a deux ans, une étude de grande ampleur est allée beaucoup plus loin dans l’exploration des liens entre le taux de fer sanguin et la longévité en bonne santé.

Taux de fer bas ? C’est une bonne nouvelle !

L’étude en question a été menée par des chercheurs de l’Université d’Édimbourg, en Ecosse, et de l’institut Max-Planck, en Allemagne.

En étudiant le métabolisme d’un million d’individus, ces chercheurs ont découvert que la fréquence de cancers, de maladies cardiovasculaires et neurodégénératives (comme Alzheimer ou Parkinson) diminue au même rythme que le taux de fer sanguin[3] !

Autrement dit : plus le taux de fer est bas, plus on a de chances de vieillir en bonne santé.

Je vous parle donc là non pas de longévité totale, mais bel et bien de longévité en bonne santé, c’est-à-dire d’années supplémentaires sans maladie.

Ce taux de fer bas aurait une influence sur le rythme du vieillissement.

Et quand on y réfléchit… cela paraît logique.

Vous avez déjà entendu parler des antioxydants : ce sont des nutriments qui ralentissent l’oxydation de l’organisme, et donc son vieillissement. 

Or le fer est une cible privilégiée de l’oxydation : il suffit de voir un clou rouillé pour s’en convaincre.

Moins de fer… moins d’oxydation.

De faibles taux de fer nous empêcheraient donc, littéralement, de rouiller.

Mais alors, et la carence en fer ?

Vous me répondrez que de faibles taux de fer sont dangereux pour la santé. C’est ce qu’on appelle une anémie.

C’est vrai, mais soyons précis.

Le fer joue un rôle essentiel dans les globules rouges de votre sang : il transporte l’oxygène dans votre organisme. Il est donc vital d’avoir suffisamment de fer dans l’hémoglobine.

Une anémie, c’est-à-dire une carence en fer, a en effet des conséquences visibles sur la santé : vous vous sentez fatigué, vos cheveux sont cassants ou ont tendance à tomber, vous êtes plus sensible aux infections. A plus long terme, les vertiges, les maux de tête et la dépression sont à craindre.

Mais l’anémie est diagnostiquée lorsque le taux de fer sérique est en-dessous de la normale, c’est-à-dire sous 30 µg/L (20 pour les femmes menstruées).

Or un taux sérique « normal » va jusqu’à 280 µg/L !

Ce qu’ont découvert les chercheurs de l’étude dont je vous parlais plus haut, c’est que des taux juste au-dessus de la limite basse de la normalité apparaissent comme un facteur de longévité de bonne santé.

Traduction : si vos taux de ferritine sont tout justes, inutile d’essayer de les remonter. Et s’ils sont très hauts… essayez de les diminuer !

Dans la vie faut pas s’en fer

Quelle partie de la population est connue pour avoir de faibles taux de fer ? Les femmes menstruées, les donneurs du sang donc, et… les végétariens.

Il y a à cela une bonne raison, c’est que la principale source d’apport en fer est animale : c’est, notamment, la viande rouge et le boudin noir.

Les promoteurs de ces aliments insistent sur leur richesse en fer… et c’est précisément la raison pour laquelle vous devriez en limiter significativement la consommation si vous n’êtes pas en anémie !

Nous savions déjà que la consommation trop régulière de viande, et notamment de viande rouge, augmente le risque de développer certaines maladies comme des cancer, des maladies cardiaques ou neurodégénératives : ce pourrait être lié à leur haute teneur en fer, la grande étude de 2020 ayant établi un lien entre fort taux de ferritine et plus grande fréquence de ces pathologies.

Je vous parlerai très bientôt des deux autres facteurs de longévité inattendus, promis.

Portez-vous bien,

Rodolphe

[1] Edgren G, Reilly M, Hjalgrim H, et al. (2008). Donation Frequency, Iron Loss, and Risk of Cancer Among Blood Donors, JNCI: Journal of the National Cancer Institute 100 (8), 572–579. https://academic.oup.com/jnci/article/100/8/572/927859

[2] Salonen JT, Tuomainen TP, Salonen R et al. (1998). Donation of blood is associated with reduced risk of myocardial infarction. The Kuopio Ischaemic Heart Disease Risk Factor Study. Am J Epidemiol. 148(5):445-51. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9737556/

[3] University of Edinburgh (2020). Blood iron levels could be key to slowing ageing, gene study shows. News wise. https://www.newswise.com/articles/blood-iron-levels-could-be-key-to-slowing-ageing-gene-study-shows