Chers amis,
Dans le film Godzilla (la version de 1998), les essais nucléaires ordonnés par le président Chirac en Polynésie engendrent un lézard géant radioactif – le Godzilla du titre – qui ravage New York.
C’est de la fiction, évidemment. Mais il y a un élément vrai là-dedans.
La bonne nouvelle, c’est qu’aucun évènement nucléaire – qu’il s’agisse des bombes A ou H, ou encore des accidents de Tchernobyl ou Fukushima – n’a provoqué la croissance démesurée de bestioles contaminées par la radioactivité.
La mauvaise nouvelle, c’est que non seulement il existe bel et bien des bestioles contaminées « banalement », si j’ose dire, par la radioactivité émanant des activités humaines… mais que ça ne se voit pas.
Ainsi, les crevettes.
Celles que vous trouvez dans votre assiette au restaurant, servies avec un pot de mayo, ou en barquette sous cellophane au supermarché, restent roses et luisantes… qu’elles soient radioactives ou non.
Oui : radioactives.
Des crevettes qui brillent dans le noir ?!
Chaque année, les Français engloutissent 36 000 tonnes de crevettes cocktail.
Ce chiffre ne cesse de grossir, avec une belle régularité : +10 % par an depuis 2020[1].
La plupart viennent de loin : Amérique du Sud, Asie du Sud-Est, et plus récemment, des zones industrielles d’Indonésie où la crevette n’est pas la seule à se reproduire à grande vitesse.
Car pour maximiser la productivité, on coupe aux crevettes femelles un œil : cela bloque une hormone qui régule leur reproduction, et elles pondent… 4 fois plus.
Ça, éthiquement, c’est pas joli-joli. C’est du même tonneau que les huîtres triploïdes (des huîtres génétiquement modifiées) que l’on retrouve à Noël, ou que les poules pondeuses qui, littéralement, ne touchent jamais terre.
Mais au-delà de ça, il existe un autre problème, bel et bien sanitaire lui : c’est l’exposition des crevettes à des substances radioactives.
Et, comme je vous l’écrivais plus haut, impossible de distinguer à l’œil nu les crevettes contaminées des non-contaminées : elles brillent autant, mais pas dans le noir !
En août dernier, les autorités sanitaires américaines ont découvert des traces de Césium-137 dans des crevettes importées d’Indonésie[2].
Vos crevettes, vous les préférez à la mayo ou au Césium-137 ?
Ce n’est pas un accident de centrale nucléaire.
D’après une enquête du gouvernement indonésien lui-même, 22 usines situées dans une zone industrielle proche de Jakarta rejettent des contaminants radioactifs directement dans l’environnement.
L’une de ces usines (de fonderie) est installée à seulement 2,5 km d’un site de conditionnement de crevettes.
Les retombées radioactives aux alentours seraient comparables à celles de Tchernobyl[3] !
Suite à cette découverte, les autorités sanitaires américaines ont stoppé la consommation, et l’importation, de crevettes indonésiennes.
Et en France ?
Eh bien… rien.
Pourtant nous importons 12 000 tonnes de crevettes indonésiennes chaque année. Si vous mettez ce chiffre en rapport avec celui que je vous ai donné plus tôt, c’est une crevette consommée sur trois en France qui est potentiellement radioactive.
Une pétition a été lancée pour demander au ministère de l’Agriculture de vérifier la radioactivité des crevettes consommées en France.
Je vous invite à la signer ici.
En attendant, si vous achetez vos crevettes en supermarché, vérifiez leur provenance. Si elles viennent d’Indonésie, passez votre chemin.
Et la prochaine fois qu’on vous dira que les crevettes sont riches en iode, demandez si c’est le bon isotope !
Portez-vous bien !
Rodolphe
[1] « Crevettes irradiantes », in. Le Canard enchaîné, 22 octobre 2025, p.5
[2] https://www.reuters.com/sustainability/boards-policy-regulation/indonesia-says-22-plants-industrial-zone-near-jakarta-contaminated-by-caesium-2025-10-08 – Dewi Kurniawati, « Indonesia says 22 plants in industrial zone near Jakarta contaminated by caesium 137 », in. Reuters, 8 octobre 2025
[3] Le Canard enchaîné, art. cit.
En soumettant mon commentaire, je reconnais avoir connaissance du fait que Total Santé SA pourra l’utiliser à des fins commerciales et l’accepte expressément.