Chers amis,
A l’approche de l’hiver, de Noël et de leurs grands maux, grippes et gastro, il est temps de ressortir les grands remèdes.
Celui que je vous conseille, en cette période, d’avoir dans votre pharmacie ou dans votre cuisine, si ce n’est pas encore le cas, c’est le gingembre, un grand classique contre les nausées et les maux de ventre.
Le gingembre a le mérite de mettre tout le monde d’accord : il occupe une place essentielle dans les pharmacopées chinoise et ayurvédique, et ses bienfaits sont abondamment documentés par la littérature scientifique.
Et puis… c’est bon !
Les critiques sont unanimes
Avant de vous parler de ses applications, je veux partager avec vous le fruit de mon « surf » sur les sites d’études médicales.
On rencontre rarement une telle unanimité dans les conclusions : le gingembre est un vrai premier de la classe, avec des bonnes notes partout et des appréciations élogieuses.
Lisez seulement cet extrait d’une revue d’études parue il y a deux ans (c’est un peu long, mais c’est à la mesure des applications possibles du gingembre) :
« Les études mécanistiques corroborent les résultats des essais cliniques chez l’humain, selon lesquels le gingembre pourrait contribuer à améliorer les symptômes et les biomarqueurs de la douleur, des maladies métaboliques chroniques et des troubles gastro-intestinaux.
« Les composés bioactifs du gingembre réduisent l’inflammation, facteur de douleur ; favorisent la vasodilatation, ce qui abaisse la pression artérielle ; inhibent la production de cholestérol, régulant ainsi le profil lipidique sanguin ; transloquent les molécules du transporteur de glucose de type 4 vers les membranes plasmiques pour contribuer au contrôle glycémique ; stimulent la dégradation des acides gras pour faciliter la gestion du poids ; et inhibent l’activation des récepteurs de la sérotonine, muscariniques et histaminergiques pour réduire les nausées et les vomissements.
« Des essais cliniques supplémentaires sont nécessaires pour confirmer les effets antimicrobiens, neuroprotecteurs, antinéoplasiques et hépatoprotecteurs et rénaux du gingembre.[1] »
Vous le voyez, le carnet de l’élève gingembre est tellement laudatif qu’il en devient presque indigeste !
Ce carnet de notes, je vous le disais, confirme l’emploi du gingembre depuis des siècles, avant tout pour ses bienfaits anti-inflammatoires, par la médecine ayurvédique.
Aussi efficace que les AINS et les médicaments anti-migraine !
Différents composés du gingembre, notamment les gingérols, les shoagols et les paradols, ceux-là même qui lui donnent son piquant, inhibent la synthèse des prostaglandines et des leucotriènes (des facteurs inflammatoires).
Le gingembre aurait ainsi une activité identique à celle des coxibs et des AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens), mais avec l’avantage d’une double action, anti‑inflammatoire, mais aussi antioxydante[2].
Cette action antidouleur et anti-inflammatoire est confirmée pour de nombreuses applications précises, notamment contre l’arthrose[3] et la polyarthrite rhumatoïde[4].
Dans les études, les doses utilisées allaient de 750 à 2000 mg de poudre de gingembre. Il semble avoir une action progressive, il ne faut pas hésiter à poursuivre la cure sur le long terme et à augmenter la quantité en cas d’inflammation aiguë.
Le gingembre est aussi intéressant pour soulager les maux de tête : en consommant régulièrement 2,5 g de poudre, 64 % des migraineux ont été soulagés, une efficacité équivalente à celle des médicaments antimigraineux[5].
La racine du ventre
Mais ce qui nous intéresse particulièrement en cette saison, ce sont les bienfaits de la racine de gingembre pour stimuler la digestion et soulager les nausées.
Le gingérol et le shogaol, dont je vous ai parlé un peu plus haut, bloquent certains messagers chimiques dans l’intestin et le cerveau, responsables des nausées et des vomissements, et améliorent la digestion en accélérant le transit intestinal.
Ils protègent également les muqueuses de l’estomac, empêchent l’inflammation des parois intestinales et redonnent de l’appétit.
Le gingembre est donc vraiment, à ce titre, la racine faite pour protéger votre ventre et ce d’autant plus que, d’une façon plus générale, il soutient l’immunité[6].
Comment vous en servir ?
La plupart des études que j’ai citées ont utilisé des compléments alimentaires à base de gingembre (gélules, comprimés, poudre ou extraits) car le dosage et la concentration de leurs composés actifs sont plus constants qu’avec le gingembre frais.
Cependant, toutes les formes pourraient être bénéfiques.
Comme vous ne participez pas une étude randomisée en double aveugle, je vous conseille tout simplement d’utiliser du gingembre frais : vous en tirerez, en outre, toute la saveur.
Vous pouvez le boire en tisane, avec du miel et du citron : vous épluchez et râpez un pouce de gingembre. Versez au fond d’une tasse et ajoutez de l’eau bouillante ; laissez un peu infuser et refroidir dix minutes et ajoutez le jus d’un demi-citron.
Ça, c’est parfait pour bénéficier des vertus réchauffantes du gingembre.
Cependant si vous avez besoin de ses bienfaits thérapeutiques en cas de maux de ventres, de début de grippe ou de gastro, je vous recommande plutôt la décoction.
La préparation est un peu plus lente, mais elle est très simple : prenez 20 à 30 grammes de gingembre frais (soit 4 à 5 centimètres), épluchez-le, coupez-le ou râpez-le et placez-le dans une casserole avec un demi-litre d’eau froide. Portez à frémissement, et laissez-ainsi frémir pendant 15 à 20 minutes. Couvrez et laissez reposer 5 minutes avant de servir.
Buvez la décoction entre les repas, à petites gorgées.
Enfin, cette fois-ci davantage pour le goût, vous pouvez la préparer en soupe.
Une recette de soupe de carottes au gingembre
Voici ma recette de soupe de carottes au gingembre, légèrement épicée : simple, chaude, réconfortante, avec un piquant discret.
Ingrédients (4 personnes)
- 700 à 800 g de carottes, pelées et coupées en rondelles
- 1 oignon jaune moyen, émincé
- 2 à 3 cm de gingembre frais, pelé et râpé
- 1 gousse d’ail (pas obligatoire ; moi j’adore mais ce n’est pas du goût de tout le monde), écrasée
- 1/2 à 1 cuillère à café de pâte de curry rouge ou jaune
(ou une pincée de piment doux, selon tolérance) - Huile d’olive ou huile neutre
- Sel
- Jus de citron ou citron vert, pour finir
- Optionnel : un peu de lait de coco ou de crème pour adoucir
Préparation
- Faites chauffer un filet d’huile dans une grande casserole.
- Ajoutez l’oignon et faites-le revenir doucement jusqu’à ce qu’il devienne translucide.
- Incorporez le gingembre râpé (et l’ail si vous l’utilisez). Remuez une minute pour libérer les arômes.
- Ajoutez la pâte de curry ou l’épice choisie. Mélangez brièvement.
- Mettez les carottes dans la casserole.
- Versez le bouillon, salez légèrement.
- Portez à frémissement et laissez cuire à feu moyen 20 à 25 minutes, jusqu’à ce que les carottes soient bien tendres.
- Mixez finement, ajustez la texture avec un peu d’eau si nécessaire.
- Vous pouvez ajouter un trait de citron juste avant de servir.
Si vous la préparez un de ces prochains soirs, n’hésitez pas à me dire en commentaire si elle vous a plu !
Portez-vous bien,
Rodolphe Bacquet
[1] https://academic.oup.com/nutritionreviews/article-abstract/81/9/1213/6998109?redirectedFrom=fulltext&login=false – Megan Crichton, Skye Marshall et al., « Therapeutic health effects of ginger (Zingiber officinale) : updated narretive review exploring the mechanisms of action », in Nutrition Reviews, vol.81, issue 9, septembre 2023
[2] Kiuchi F : « Inhibition of prostaglandin and leukotriene biosynthesis by gingerols and diarylheptanoids ». in Chem Pharm Bull 1992, 40(2):387-391
[3] Paramdeep G. « Efficacy and tolerability of ginger (Zingiber officinale) in patients of osteoarthritis of knee », in Indian J Physiol Pharmacol, avril-juin 2013 ;57(2):177-83
[4] Al-Nahain A, Jahan R, Rahmatullah M., « Zingiber officinale: A Potential Plant against Rheumatoid Arthritis. Arthritis », 2014;2014:159089
[5] Maghbooli M, Golipour F, Moghimi Esfandabadi A, Yousefi M., « Comparison between the efficacy of ginger and sumatriptan in the ablative treatment of the common migraine », in Phytother Res., mars 2014 ;28(3):412-5. doi: 10.1002/ptr.4996
[6] Sultan MT, Butt MS, Qayyum MM, Suleria HA., « Immunity: plants as effective mediators », in Crit Rev Food Sci Nutr. 2014;54(10):1298-308
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Pourquoi mes messages sont traités de doublon ce qui est faux ? et donc ne passent pas
Bonjour, ce message pour y mettre en réponse mon vrai message refusé sous prétexte que je l’aurais déjà envoyé, ce qui est impossible
Bonjour, j’ai fait la soupe aux carottes, c’est délicieux. J’ai l’habitude d’utiliser le gingembre, quasi quotidiennement, et tous les épices ou aromates; cette recette s’ajoute à toutes les autres, merci beaucoup
Je n’ai pas déjà envoyé ce commentaire
Bonjour, j’ai fait la soupe aux carottes, c’est délicieux. J’ai l’habitude d’utiliser le gingembre, quasi quotidiennement, et tous les épices ou aromates; cette recette s’ajoute à toutes les autres, merci beaucoup
Merci pour cette recette simple à réaliser. Sauf que je n’ai jamais vu de « pâte de curry »… Pourtant je me sers en boutique bio, je connais l’épice en poudre mais pas la pâte. J’ai l’impression que ce doit être plus difficile à trouver. Le problème quand on laisse un commentaire c’est qu’il n’y a pas de réponse….
J’ai commencé à utiliser le gingembre pour soulager mes filles du mal des transports..
Et depuis 25 ans, tous les matins, je bois du thé vert et racine gingembre râpé….
Ne cuire ni beurre ni huile… ajouter ces ingrédients en fin de cuisson feu éteint. Idem pour le sel… Ils diffusent ainsi leur nature première…
Peut on consommer le gingembre en ayant la dysbiose intestinale ?