Mon voyage de 15 ans vers le thé idéal

Chers amis,

A l’âge de vingt ans, avec mes tout premiers salaires, j’ai commencé à voyager. D’abord dans les pays des Balkans, la Roumanie… la Turquie… puis l’Inde.

A Belgrade, on m’a servi un čaj.

A Bucarest, les gens chez qui je logeais m’accueillaient chaque soir avec un ceai.

A Istanbul, je sirotais toujours un çay avec mes baklavas.

En Inde, de New Delhi au fin fond du Ladakh, partout on pouvait apprécier un chaï.

 Tous ces mots se prononcent exactement de la même manière : « tchaï » J’ai pris conscience que :

  • Le thé est la boisson la plus consommée par l’humanité après l’eau (et Dieu merci avant le coca-cola)…
  • Son nom est quasiment le même partout dans le monde ! 

C’est ainsi que j’ai commencé à suivre la voie du thé, un voyage qui m’a pris quinze ans.

Le Japon, mon point d’arrivée

Ma ligne d’arrivée a été le Japon, où je me suis rendu pour la première fois l’an dernier.

Là-bas, le thé – et un thé en particulier – fait partie intégrante de l’art de vivre, mais aussi de la SANTÉ de tous les habitants.

Le thé y est considéré comme une plante médicinale :

  • Favorisant la longévité – elle est décrite comme un « élixir de longue vie » 
  • Réduisant la fatigue ; 
  • Facilitant la digestion et luttant contre les maladies intestinales ;
  • Procurant une plus grande acuité intellectuelle ;
  • Donnant une belle peau. 

La plus ancienne plante médicinale du monde

Les histoires et les légendes sur le thé remontent à 5000 ans.

L’empereur chinois Chen Nung, en 2737 av. J.-C., prit l’habitude de boire pour des raisons d’hygiène de l’eau bouillie.

Un jour qu’il se reposait sous un arbuste, le vent fit tomber quelques feuilles dans l’eau frémissante de la marmite. L’empereur but : il apprécia l’odeur, la saveur de ce breuvage et se sentit en forme comme jamais ! L’arbre était un théier. Le thé était né.

L’une des inventions mythiques du thé : le coup de vent de Chen Nung !

Une autre de ces légendes, indienne cette fois, raconte que le prince Bodhi-Dharma, partant en pèlerinage en Chine, récupéra de 3 ans de fatigue accumulée en découvrant les feuilles d’un théier sauvage…

Tous ces récits sur le thé évoquent les vertus santé de cette boisson.

Louis XIV l’utilisait déjà comme remède

A son arrivée en Europe le thé fut réservé à l’élite. En France, c’est à la Cour de Louis XIV qu’il fut d’abord employé comme remède.

Le Roi Soleil s’en faisait prescrire par ses médecins, pour améliorer ses problèmes de digestion et prévenir ses crises de goutte !

Au milieu du XVIIIè siècle, le thé rentre dans le Dictionnaire des drogues simples, dont l’auteur écrit qu’il « réjouit et récrée les esprits, il abat les vapeurs, il empêche l’assoupissement, il fortifie le cerveau et le cœur, il hâte la digestion, il excite l’urine, il purifie le sang, il est propre pour le scorbut et pour la goutte. »

D’où viennent les vertus santé du thé ?

Les bienfaits du thé viennent principalement de trois alcoloïdes, et de polyphénols.

Pardonnez-moi ces mots techniques, on ne peut pas les éviter pour bien comprendre.

Trois alcoloïdes du thé sont intéressants pour la santé :

  • Le théine. Il s’agit de la même molécule que la caféine. Elle est cependant moins présente dans la feuille du théier que dans le grain de café. C’est ce qui confère au thé beaucoup de vertus neuroprotectrices. 
  • La théobromine, que l’on trouve également dans les fèves de cacao : elle a un effet antifatigue et stimule le cerveau. Elle fait également baisser la tension artérielle et est efficace contre la toux. 
  • La théophylline stimule dans le cerveau la sécrétion d’endorphines (l’hormone du bien-être), d’adrénaline et de dopamine. 

Les polyphénols sont ce que nous connaissions autrefois sous le terme de tannins. Ils sont connus pour avoir une action antioxydante très importante.

La sous-famille des polyphénols qui nous intéresse, c’est les catéchines.

Car ce sont les catéchines qui présentent les bienfaits les plus spectaculaires pour notre santé. Je vais vous en parler dans mon prochain message.

Si tous les thés proviennent d’une même plante, le théier, qu’est-ce qui les distingue ?

Leur traitement et leur préparation.

Ce que vous pouvez attendre des principaux types de thé, et pourquoi

Les feuilles de thé noir sont intégralement fermentées : les catéchines disparaissent, aussi les bienfaits santé de la feuille sont-ils fortement réduits, surtout comparé au thé vert. 

Thé noir

Cependant, dans des cas très précis, le thé noir se révèle plus intéressant que le thé vert.

C’est le cas notamment au sujet de la maladie de Parkinson : une étude menée en 2008 conclue qu’une consommation moyenne de 23 tasses de thé noir par mois diminue de 45% le risque de développer la maladie [1].

Le thé noir est le plus énergisant des thés : il contient autant de caféine qu’un expresso, mais deux fois moins qu’une tasse de café filtre. Il est préférable de le prendre dans la matinée, ou en tout début d’après-midi.

A noter que tous les thés fumés sont des thés noirs (si on vous en proposait).

Le thé « Oolong » ou « Wu Long » est semi-fermenté. Selon le processus, la fermentation varie de 15 à 80% ! Il est torréfié. En pratique, on est à mi-chemin entre un thé noir et un thé vert, tant en termes de goût que de bienfaits santé.

Thé Oolong

Une étude de 2011 suggère qu’une tasse de thé Oolong par jour réduit le risque de décès par maladie cardio-vasculaire [2]. Cet effet est simplement associé aux mêmes composés que le thé vert.

Le thé blanc tire sa couleur, et son nom, de la prime jeunesse de leurs feuilles : elles sont récoltées dès leur éclosion ! On ne les récolte donc qu’un printemps. Les feuilles ne sont quasiment pas fermentées.

Des études ont montré son intérêt anti-âge – grâce aux fameux catéchines – en particulier pour la peau [3].

Le thé vert est, de très loin, le plus intéressant pour la santé. Il ne subit pas du tout de fermentation : ses composants santé, les polyphénols, sont donc intacts.

Cette absence de fermentation explique par ailleurs son goût plus amer.

Je vous parlerai plus en détail de tous les bienfaits du thé vert dans mon prochain message.

Vous comprendrez pourquoi la plupart des vertus santé prêtées au thé en général… se vérifient avant tout pour le thé vert.

Et vous, quel type de thé buvez-vous ? Vous pouvez m’en parler en commentaire ci-dessous.

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Portez-vous bien, 

Rodolphe Bacquet

P.S. : Une petite précision, pour éviter toute confusion. Qu’est-ce qui distingue le thé d’une infusion ou d’un rooibos ?

C’est très simple : le thé vient uniquement… du théier ! Un solide arbre de la famille des camélias, qui pousse de la Géorgie à l’Argentine, aussi bien dans les climats froids de Darjeeling que sous les tropiques d’Indonésie.

Une infusion concerne toutes les autres plantes et fleurs. Le rooibos, souvent appelé « thé rouge », vient d’un arbuste d’une toute autre famille, qui ne pousse qu’en Afrique du sud. Le rooibos n’est donc pas un thé ! Le maté non plus. Lui, vient d’une plante qui ressemble à du houx, cultivée en Amérique du sud.

Sources :

[1] Tan LC, Koh W-P, Yuan J-M, et al. Differential Effects of Black versus Green Tea on Risk of Parkinson’s Disease in the Singapore Chinese Health Study. American journal of epidemiology. 2008;167(5):553-560. doi:10.1093/aje/kwm338.

[2] Mineharu Y, Koizumi A, Wada Y, et al Coffee, green tea, black tea and oolong tea consumption and risk of mortality from cardiovascular disease in Japanese men and women Journal of Epidemiology & Community Health 2011;65:230-240.

[3] Antioxidant and potential anti-inflammatory activity of extracts and formulations of white tea, rose, and witch hazel on primary human dermal fibroblast cellsTamsyn SA Thring, Pauline Hili and Declan P NaughtonJournal of Inflammation20118:27https://doi.org/10.1186/1476-9255-8-27