« Vous êtes les alliés du cancer ! »

Chers amis,

« Vous êtes les alliés du cancer !! »

Cette phrase a été lancée par Fleur Breteau en pleine Assemblée nationale, à l’adresse des 316 députés venant de voter la loi dite Duplomb, ce mardi 8 juillet 2025 :

Fleur Breteau, présidente de l’association « Colère cancer », est elle-même actuellement en traitement pour un deuxième cancer en 4 ans[1].

Comme plusieurs scientifiques et soignants engagés dans la lutte contre le cancer, elle est abasourdie par l’adoption, en France, en 2025, d’une loi généralisant l’emploi de pesticides violemment cancérogènes au prétexte de venir « en aide à une agriculture à bout de souffle »[2].

Abasourdi, je le suis moi aussi.

Pesticides et cancers : l’alerte est (déjà) donnée, et elle est glaçante

Car, dans une assemblée démocratique censée défendre les intérêts de la population, on ne vote pas, en principe, une loi accélérant la maladie et la mort de cette population.

Or la loi Duplomb, adoptée à 316 voix pour (223 contre) sous prétexte de « libérer les agriculteurs » de normes sanitaires contraignantes, vient ni plus ni moins de décupler votre risque, pour vous-même, vos enfants ou vos petits-enfants, de développer un jour un cancerdont l’un des plus implacables : celui du pancréas.

Ces 316 députés sont-ils inconscients ou criminels ?

La question se pose légitimement tant il leur était impossible, au moment d’appuyer sur le bouton du vote, d’ignorer les dernières études accablantes sur les liens entre pesticides agricoles et les records français de cancers développés et mortels.

La France a le « record » d’Europe, et de très loin, d’incidence du pire cancer possible – et c’est à cause de ces pesticides

Dans une étude[3] relayée par la Fondation ARC (fondation pour la recherche sur le cancer) en janvier 2025[4], des chercheurs français ont en effet montré une corrélation entre l’exposition aux pesticides et un risque accru de cancer du pancréas, l’un des cancers les plus meurtriers et les plus difficiles à diagnostiquer précocement :

Les résultats sont clairs : « La concentration de certains pesticides organochlorés, encore détectables dans le sang de personnes pourtant non professionnelles de l’agriculture, est associée à un sur-risque de tumeur pancréatique. »

La France est déjà, faut-il le rappeler, le premier pays utilisateur de pesticides en Europe.

Pour qui roulent ces 316 députés qui vont aggraver l’incidence des cancers en France ?

Je le répète, ces 316 députés ne pouvaient pas ignorer ce lien glaçant.

Il y avait en effet, au moment du vote, plusieurs scientifiques et médecins présents dans les tribunes, qui n’ont pas manqué de les alerter sur le désastre sanitaire auquel ils s’apprêtaient à lâcher la bride.

Ils ont quand même voté.

Pour qui roulent réellement ces 316 députés ?

Être ignorant et incompétent, c’est une chose.

Être criminel, c’en est une autre.

Et voter délibérément une loi qui va aggraver l’incidence des cancers en France, quel que soit le bout par lequel on prend le problème, c’est criminel.

… et ça l’est encore plus quand on considère les autres « effets collatéraux » de cette loi Duplomb.

L’Assemblée nationale est toxique

Sous prétexte de « libérer les agriculteurs », cette loi, en plus de décupler les risques des cancers des Français au cours des prochaines années :

  • allège drastiquement les normes environnementales ;
  • réintroduit des pesticides interdits, comme l’acétamipride, un néonicotinoïde pourtant accusé de nuire gravement à la biodiversité et au système nerveux humain (je vais y revenir) ;
  • affaiblit le rôle de l’ANSES, l’agence censée protéger notre santé ;
  • facilite l’élevage industriel et la construction des mégabassines, au mépris des nappes phréatiques ;
  • et au final bafoue le principe de précaution, pilier de la santé publique.

Ce texte constitue une régression sanitaire et écologique sans précédent, qui fait fi de décennies de lutte pour une alimentation plus saine, des campagnes de sensibilisation à l’exposition aux perturbateurs endocriniens, aux cancérigènes environnementaux, aux substances génotoxiques.

Chers amis, ce qui est plus que jamais toxique, aujourd’hui, c’est cette Assemblée nationale inconsciente et criminelle.

Alors, on « aide » les agriculteurs en organisant leur dépendance aux industriels et en creusant leur tombe ?

Cette loi est un cadeau empoisonné aux agriculteurs.

Censée les « libérer » des normes sanitaires, on les enchaîne davantage aux multinationales de la chimie – pour l’usage des pesticides – et on aggrave leur exposition à des substances qui les tuent à petit feu.

On organise leur dépendance économique et la destruction de leur santé.

Prenez l’acétamipride, insecticide néonicotinoïde, sur lequel s’est concentrée une bonne partie des débats.

Cet insecticide tue les abeilles – c’est désastreux… mais hélas logique pour un insecticide.

Mais ce n’est pas tout : il est neurotoxique pour le cerveau humain.

Il y a trois ans, une étude chinoise a révélé que les métabolites de cet insecticide se retrouvent dans le cerveau de 85 % des personnes qui y sont exposées[5].

Chez les enfants, c’est le développement neurologique qui est en jeu.

Chez les adultes, c’est à la fois un dysfonctionnement hormonal, des troubles du comportement et le développement de maladies neurodégénératives comme Parksinon et Alzheimer qui sont en jeu.

L’empoisonnement légalisé

À tous les égards, cette loi coche toutes les cases en termes de fautes sanitaires et politiques.

Les 316 députés qui ont voté cette loi ont, mardi dernier, ni plus ni moins légalisé l’empoisonnement.

Ils n’ont pas seulement légalisé l’empoisonnement des agriculteurs et des consommateurs, de leurs enfants et de leurs petits-enfants : ils ont empoisonné l’avenir démographique même de notre pays.

Ce n’est pas une exagération ou une crainte infondée. C’est un fait scientifique : des méta-analyses internationales ont prouvé le lien entre le glyphosate (et ses cousins organophosphorés) et l’effondrement de la concentration en spermatozoïdes chez les hommes dans le monde entier.

Et que fait-on ? On prolonge son autorisation. On légalise des substances encore plus toxiques. On légifère comme si l’agrochimie était une vache sacrée, intouchable.

Soutenir l’agriculture, ce n’est pas adorer le veau d’or. C’est soulager le présent et préparer l’avenir.

Il reste cependant encore une chance avant la promulgation de cette loi : qu’elle soit retoquée par le Conseil constitutionnel.

Pour les raisons que j’ai déjà évoquées :

1. Atteinte au droit à la santé

L’État a une obligation de protéger la santé publique. Réintroduire un insecticide controversé, potentiellement neurotoxique et cancérogène, sans étude scientifique robuste pourrait être jugé contraire à ce devoir constitutionnel[6].

2. Violation du principe de précaution

La Charte de l’environnement, ayant valeur constitutionnelle depuis 2005, impose le principe de précaution lorsqu’il existe des risques pour la santé ou l’environnement.

3. Non-respect de la Charte de l’environnement

Ce texte est contraire aux engagements pris pour protéger la biodiversité et limiter l’usage de produits chimiques dangereux.

Il est encore temps d’agir : vous pouvez le faire en signant cette pétition appelant au retrait de la loi Duplomb.

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] https://www.leparisien.fr/politique/vous-etes-les-allies-du-cancer-a-lassemblee-une-femme-semporte-apres-ladoption-de-la-loi-duplomb-08-07-2025-4LNS43T5BBGTNO3CXXSXZFSM2E.php – Ludwig Gallet, « “Vous êtes les alliés du cancer !” : à l’Assemblée, une femme s’emporte après l’adoption de la loi Duplomb », in. Le Parisien, 8 juillet 2025

[2] https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/07/09/la-loi-duplomb-sur-l-agriculture-definitivement-adoptee-a-l-issue-d-un-parcours-chaotique-ne-fait-pas-le-plein-des-voix-dans-la-majorite_6620097_3244.html – Robin Richardot, « La loi Duplomb sur l’agriculture définitivement adoptée, ne fait pas le plein des voix au sein du bloc central », in. Le Monde, 9 juillet 2025

[3] Brugel, M. et al, « Pesticides and risk of pancreatic adenocarcinoma in France : a nationwide spatiotemporal ecological study between 2011 and 2021 », in. European Journal of Epidemiology, 25 novembre 2024 ;Brugel, M. et al, «  Association between pancreatic adenocarcinoma risk and concentration of organochlorine pesticides in adipose tissue and urine : A targeted-screening analysis case-control study (PESTIPAC)  », in.United European Gastroenterology Journal, août 2024

[4] https://www.fondation-arc.org/actualites/2025/cancers-du-pancreas-et-pesticides-le-debut-dune-alerte#:~:text=R%C3%A9sultat%20:%20la%20concentration%20de%20certains,consommatrice%20de%20pesticides%20en%20Europe. – « Cancers du pancréas et pesticides, le début d’une alerte ? », site de la Fondation pour la recherche sur le cancer (ARC), 15 janvier 2025

[5] https://ehp.niehs.nih.gov/doi/10.1289/EHP11374 – Adela Jung Li, Mengya Si, Renli Yi et al., « Detection of Neonicotinoid Insecticides and their Metabolites in Human Cerebrospinal Fluid », in. Environnemental Health Perspective, vol.30, issue 12, 13 décembre 2022

[6] https://www.ladepeche.fr/2025/07/09/loi-duplomb-trumpiste-mortifere-ecocide-apres-ladoption-du-texte-decrie-quels-recours-possibles-pour-empecher-son-application-12815642.php?utm_source=chatgpt.com – Edwige Grolleau, « Loi Duplomb : “trumpiste”, mortifère, écocide… Après l’adoption du texte décrié, quels recours possibles pour empêcher son application ? », in. La Dépêche, 9 juillet 2025