Chers amis,

Ce qui s’est passé vendredi aux Bordes-sur-Arize, en Ariège, est plus qu’une énième démonstration de force et d’absurdité d’une classe politique autoritaire ayant, en France, complètement perdu les pédales.

C’est une sortie de route complète.

C’est l’État, aux commandes, qui envoie sa propre souveraineté alimentaire dans le décor en appuyant sur le champignon et en écrasant tout sur son passage : la dignité des éleveurs, la science, et ce qui restait d’éthique aux autorités.

Les images diffusées ce jour-là sur les chaînes de télévision et les réseaux sociaux ressortissent d’une guerre civile menée par des gendarmes contre des paysans :

Pour cette opération « de police » les forces de l’État ont déployé les grands moyens[1] : plus de 350 gendarmes, deux véhicules blindés Centaure, un hélicoptère, des équipes drones et anti-drone, qui ont chargé – pour reprendre le délicieux vocabulaire employé par les journalistes de TF1 – « quelques dizaines de perturbateurs »[2].

Les « perturbateurs » ( !!! ) en question sont, évidemment, des agriculteurs venus défendre l’un des leurs contre cette démonstration inouïe de violence et de barbarie, et que l’on a exposé aux gaz lacrymogènes.

Eux… et les vaches. Oui, les 208 vaches et leurs 80 veaux, ceux-là même qui ont été massacrés quelques heures plus tard, ont été gazés avant d’être tués.

À la folie du meurtre de masse les forces de l’ordre ont poussé l’abjection jusqu’à gazer sans distinction hommes et bêtes.

C’est assez clair quant à ce que ça dit de « l’état d’esprit » du pouvoir en France.

Après tout, c’est logique : après avoir traité la population comme du bétail lors de la « crise » Covid, le bétail, le vrai, que l’on protège pour ne pas être abusivement et massivement abattu, est lui-même traité comme un citoyen réfractaire.

Tout ça pour… un cas détecté. Un seul cas d’une maladie non-transmissible à l’homme, et mortelle pour les bovins dans seulement 1 à 2 % des cas, pas plus.

Le ministère de l’Agriculture, les vétérinaires aux ordres et la FNSEA ont pourtant prétendu que c’était « indispensable ».

Ça ne l’est pas.

Ma fille de six ans et demi est tombée sur quelques-unes de ces images alors que sa mère consultait ces hallucinantes actualités sur son téléphone.

Quand sa maman lui a expliqué la raison pour laquelle des centaines de policiers « chargeaient » quelques dizaines d’agriculteurs qui protégeaient 208 vaches et 80 veaux sacrifiés sur l’autel d’une politique sanitaire aveugle, elle lui a demandé :

« Mais nous quand on est malade on nous tue pas, alors pourquoi on tue les vaches ? »

La vérité sort de la bouche des enfants – et je ne dis pas ça parce que c’est ma fille.

Non seulement c’est le bon sens, mais rien en effet ne justifie, ni sanitairement, si scientifiquement, ces massacres de troupeaux entiers.

Ce qui s’est passé dans l’Ariège n’est pas une première.

Plusieurs exterminations ont eu lieu dès l’été dernier en Savoie.

Et dès le mois de juillet le chercheur du CNRS Jean-Marc Sabatier publiait une tribune pour dénoncer ces mesures scientifiquement injustifiées, disproportionnées et parfaitement évitables[3].

Il y rappelait que la dermatose nodulaire est une maladie virale due à un capripoxvirus, caractérisée à la fois par une mortalité généralement faible et la guérison spontanée d’un grand nombre d’animaux, sans aucun risque de transmission à l’être humain.

Partant de ce constat, il considérait la logique d’abattage systématique des troupeaux comme une décision administrative héritée de protocoles dépassés, et non comme une mesure appuyée sur des données scientifiques actualisées.

Cette stratégie entraîne des conséquences économiques lourdes pour les éleveurs et soulève des questions éthiques, puisqu’elle conduit à l’élimination d’animaux parfois peu ou pas atteints cliniquement… sans aucune garantie d’une meilleure maîtrise de la propagation !!

Le Dr Sabatier affirmait également que des alternatives existent, documentées dans la littérature vétérinaire internationale, telles que l’isolement des animaux malades, des soins de soutien, la prévention des surinfections, ainsi qu’une vaccination ciblée associée à une surveillance renforcée.

La « vaccination » ciblée… ça n’est même pas la solution préconisée aujourd’hui par le ministère de l’Agriculture.

Et pour cause !

La disproportion et l’outrance des solutions choisies aujourd’hui par le gouvernement ont en effet de quoi laisser sonné.

Elles n’ont aucun sens si l’on a, comme vous, comme moi, de l’empathie pour ces éleveurs et ces agriculteurs, un minimum de respect pour la cause animale, et à cœur une gestion intelligente de notre souveraineté alimentaire.

Elles ont un sens – un sens glaçant – si, en revanche, on rappelle que :

  • La Cour des comptes préconise depuis 2023 la réduction du cheptel bovin en France au nom de la « raison climatique »[4] :
  • Ces abattages massifs sont un « épouvantail » pour faire passer la pilule de la vaccination de plus d’un million de bovins :

« Ah, mais Rodolphe, vous voyez bien que si on voulait réduire le cheptel de bovins en France on ne les vaccinerait pas en masse pour les protéger ! »

Vous avez raison, en principe.

Sauf qu’en réalité :

  • Cette vaccination n’empêche pas les bêtes d’attraper la maladie (et donc d’être abattues) ;
  • Des nécroses sur plusieurs centimètres ont été détectées autour des points d’injection chez certaines bêtes, preuve que ce produit leur pourrit la santé ;
  • Des bêtes ont été testées « positives » à la dermatose nodulaire contagieuse par PCR… après que la souche utilisée dans le vaccin, et non celle circulant dans la nature, a été détectée.

Si vous voulez en savoir plus sur tous ces sujets, voici ma source (c’est gratuit).

Vous comprenez bien que cette vaccination de millions d’animaux n’est pas une solution mais un piège, un moyen machiavélique, et rapportant beaucoup au passage aux labos pharmaceutiques, pour réduire drastiquement, et rapidement, l’élevage en France.

Quant à la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, dont vous voyez la photo plus haut, vous pouvez être sûr que la souffrance des animaux et une gestion raisonnée de l’élevage en France à échelle humaine sont le cadet de ses soucis : elle a, précédemment, voté contre le renforcement des sanctions pour ceux qui maltraitent leurs animaux, refusé de soutenir l’interdiction de l’abattage sans étourdissement, et est un soutien de l’emploi tous azimuts des pesticides et de l’élevage industriel[5].

Un autre acteur joue un rôle trouble dans cette affaire : c’est, justement, le principal acteur industriel de l’agro-alimentaire en France, la FNSEA.

On ne présente plus la FNSEA. C’est le syndicat majoritaire des agriculteurs en France, à tel point que les médias ne se réfèrent qu’à lui en cas de crise, au détriment de la Confédération paysanne et de la Coordination rurale.

Rien d’étonnant dans notre belle « démocratie ».

Je vous le dis tout net : les intérêts de la FNSEA, et surtout de son président, Arnaud Rousseau, ne sont pas ceux du monde paysan français.

Les intérêts de la FNSEA et de son président sont des intérêts économiques et industriels, et précipitent l’extinction des pratiques raisonnées et du mode de vie durables du monde paysan.

Un exemple, lié à la crise qui s’étend aujourd’hui autour de l’abattage de troupeaux ?

La FNSEA soutient ces massacres d’animaux.

Les conséquences incommensurables sur la perte de diversité génétique des races bovines en France ? Pas grave, selon la FNSEA.

La ruine et l’aggravation du désarroi des éleveurs ? Rien à cirer, pour la FNSEA.

La défense des intérêts agro-alimentaires de la France ? Ah, ah, ça ne passe pas par la défense des fermes françaises, pour la FNSEA !

C’est du moins la position du syndicat… au point de vue national.

Car la section locale de le FNSEA, en Ariège, est bel et bien du côté des éleveurs. Tout comme la Confédération paysanne.

Alors, pourquoi cette dichotomie entre la « tête » de la FNSEA et l’écrasante majorité des paysans français, trahis à la fois par l’État et par le plus puissant syndicat agricole ?

Eh bien, précisément, parce que la « tête » de la FNSEA, c’est-à-dire son président, Arnaud Rousseau, a tout intérêt à ce que la filière bovine française soit affaiblie.

M. Rousseau s’est déjà « illustré », l’été dernier, en soutenant la criminelle loi Duplomb :

A la rigueur, tout aussi inconsciente que soit cette position, elle peut se comprendre pour un « président » qui est avant tout un homme d’affaire à la tête d’industries multinationales, et non un agriculteur (un comble pour un syndicat représentant les agriculteurs, mais passons, nous ne sommes plus à une imbécillité près).

Mais M. Rousseau est aujourd’hui à la fois syndicaliste agricole et dirigeant du groupe Avril, impliqué dans les échanges internationaux[6] : il aurait ainsi des intérêts dans l’élevage bovin brésilien SAMAS… qui a tout intérêt à ce que le Mercosur soit ratifié par l’Union européenne.

Le conflit d’intérêts n’est pas uniquement l’apanage de la politique et de la médecine ; il joue aussi pleinement son rôle, funeste et hypocrite, dans les magouilles qui conduisent au massacre de troupeaux entiers dans notre pays et, à terme, nous mettent à la merci d’une alimentation ultra-transformée et mortifère.

Pour plus d’infos sur ce sujet, je vous recommande de regarder l’entretien que j’ai réalisé avec le Dr Jean-Marc Sabatier suite à l’extermination de l’élevage de l’Ariège :

C’est gratuit, et à partager autant que possible. Vous pouvez aussi vous abonner à la chaîne YouTube Alternatif Bien-Être (gratuit là encore) en cliquant sur la petite cloche.

Portez-vous bien,

Rodolphe


[1] https://www.ladepeche.fr/2025/12/15/dermatose-nodulaire-plus-de-350-gendarmes-ont-ete-mobilises-centaure-helicoptere-blesses-retour-sur-deux-nuits-de-tension-en-ariege-13112250.php – « Dermatose nodulaire : “Plus de 350 gendarmes ont été mobilisés”, Centaure, hélicoptère, blessés… Retour sur deux nuits de tension en Ariège », in. La Dépêche, 15 décembre 2025

[2] https://www.tf1info.fr/justice-faits-divers/en-direct-abattage-de-vaches-en-ariege-dermatose-nodulaire-mobilisation-agriculteurs-heurts-interpellations-les-informations-du-vendredi-12-decembre-2025-2412339.html – « Dermatose nodulaire : blocage d’axes routiers, le gouvernement maintient sa stratégie d’abattage », TF1 Info, 12 décembre 2025

[3] https://infodujour.fr/economie/agriculture/81374-labattage-des-bovins-scientifiquement-injustifie – Emilien Lacombe, « L’abattage des bovins scientifiquement injustifié », in Info du Jour, 14 décembre 2025

[4] https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/05/23/la-cour-des-comptes-preconise-de-reduire-le-nombre-de-bovins-pour-tenir-les-engagements-climatiques-nationaux_6174548_3244.html – Mathilde Gérard, « La Cour des comptes préconise de réduire le nombre de bovins pour tenir les engagements climatiques nationaux », in Le Monde, 23 mai 2023

[5] https://www.facebook.com/reel/1046917197092538 –

[6] https://www.humanite.fr/social-et-economie/agriculteurs/a-la-tete-de-la-fnsea-qui-est-arnaud-rousseau-le-businessman-qui-voulait-passer-pour-un-paysan – Pierre Marissai, « A la tête de la FNSEA, qui est Arnaud Rousseau, le businessman qui voulait passer pour un paysan », in L’Humanité, 21 juillet 2025