Chers amis, 

J’aimerais partager avec vous une incroyable histoire, qui peut redonner espoir à double titre

D’abord, parce qu’elle constitue une avancée importante dans la lutte contre la maladie de Parkinson

Mais aussi – et surtout – parce qu’elle nous enseigne que la recherche médicale, ce ne sont pas que des microscopes et des tubes à essai dans des laboratoires. 

Un seul homme – ou, en l’occurrence, une seule femme – peut faire progresser la lutte contre la maladie.  

Cette femme s’appelle Joy Milne. Elle habite Perth, en Écosse. Elle a 67 ans. 

Sa particularité ? Elle peut « sentir » si vous avez Parkinson

Un miracle révélé par un drame

Derrière la découverte de cette faculté (confirmée par plusieurs expériences, mais je vais y revenir), il y a d’abord un drame personnel.  

Il y a de nombreuses années, le mari de Joy Milne s’est, dit-elle, mis à brusquement « changer d’odeur ». Une odeur boisée et musquée… Joy lui recommanda diplomatiquement de se doucher davantage, et de se laver les dents plus fréquemment.  

Mais, plusieurs années après, les mains de M. Milne ont commencé à trembler.  

À l’âge de 45 ans, M. Milne fut diagnostiqué : Parkinson. C’était douze ans après ce brusque changement d’odeur « senti » par Mme Milne

Milne est décédé de la maladie de Parkinson il y a deux ans, à l’âge de 65 ans. Il aura passé la moitié de sa vie atteint de ce mal dégénératif… dont plus de dix ans sans le savoir. 

Une odeur identifiable des années avant le diagnostic

Lorsque Mme Milne demanda à un médecin spécialiste de cette maladie, le Dr Kunath, si les patients atteints de Parkinson avaient une odeur particulière, il crut d’abord qu’elle faisait allusion à la perte d’odorat des malades. 

Plusieurs mois plus tard, le Dr Kunath fit sentir à Mme Milne 12 T-shirts, dont la moitié avaient été portés par des personnes atteintes de Parkinson. 

Elle identifia correctement les 6 T-shirts associés à Parkinson, plus… un septième. Une « marge d’erreur acceptable », selon le Dr Kunath. 

Sauf que, quelques mois plus tard, le septième porteur du T-shirt considéré comme sain fut à son tour diagnostiqué d’un Parkinson ! 

Joy Milne avait par son seul odorat diagnostiqué sept cas de Parkinson, dont un qui n’avait pas encore été identifié par les moyens classiques ! 

C’est ainsi que Mme Milne est non seulement capable de reconnaître à l’odeur une personne atteinte de Parkinson, mais elle peut le faire plusieurs mois, voire années, avant l’apparition des premiers symptômes dans la gestuelle ou l’élocution ! 

10 molécules identifiées

Si la faculté de Mme Milne est, n’ayons pas peur des mots, un authentique miracle, comment en faire profiter le plus grand nombre ? Il est évident que Mme Milne ne peut passer ses journées à renifler de potentiels malades ! 

C’est ce à quoi s’est attelé le département de chimie de l’université de Manchester. 

Les scientifiques, suite à la confirmation de la capacité innée de dépistage de Mme Milne, ont émis l’hypothèse que, plusieurs mois avant l’apparition des symptômes classiques de Parkinson (tremblements, difficultés d’élocution), la peau des personnes atteintes par un stade précoce de la maladie développe une signature chimique[1]

Et c’est cette signature que Mme Milne est capable de reconnaître spontanément. Les chimistes de Manchester ont ainsi, suite aux indications de cette dame, pu identifier 10 molécules associées à cette « signature olfactive » de l’apparition d’un Parkinson. 

Ainsi, il sera sans doute possible, d’ici quelques mois ou années, de dépister des cas précoces de Parkinson grâce à ces 10 molécules, et ainsi prévenir, et mieux accompagner, l’apparition des symptômes. 

C’est la qualité de vie de dizaines de milliers de patients qui pourrait être améliorée par une prise en charge plus tôt qu’actuellement. 

Ce progrès, s’il se réalise, sera évidemment possible grâce aux laboratoires de chimie de l’université de Manchester. Nous en revenons toujours aux microscopes et aux éprouvettes… Mais sans cette femme dotée d’un odorat miraculeux, les scientifiques n’auraient jamais su qu’il y avait quelque chose à découvrir ! 

Portez-vous bien,

Rodolphe Bacquet 


[1] Woman who can smell Parkinson’s disease helps scientists develop first diagnostic test