Chers amis,

Hier j’ai reçu la visite de Serge, un ami de Rouen que je n’avais pas vu depuis 2 ans.

Pendant des années, il a souffert de nombreux maux : dépression sévère, angines à répétition, eczéma, douleurs digestives chroniques.

Quand je l’ai accueilli à la gare, c’était un nouvel homme. Il rayonnait.

« Ça doit être génétique »

Depuis un moment Serge faisait attention à ce qu’il mangeait.

A chaque repas il prenait une portion de légumes, de céréales et de protéines. Il limitait même le gluten et la viande. Pour son docteur, son alimentation était irréprochable. À côté de ça, il faisait du sport, il n’était pas trop stressé…

Mais ça ne changeait rien. Le problème « devait donc être génétique ».

Un jour Serge tombe sur un documentaire d’Irène Grosjean, une célèbre naturopathe, intitulé La vie en abondance.

Avant de regarder le documentaire, il s’était préparé une assiette ressemblant à cela :

Une portion de riz, un filet de dinde, et du brocoli vapeur.

Au bout de 10 minutes de documentaire, il a lâché sa fourchette….

Il mangeait des « aliments morts »

Le brocoli cuit, le riz, les filets de dinde, tous les aliments qu’il considérait comme « sains », étaient considérés comme des « aliments morts » par Irène Grosjean.

Les « aliments morts » sont selon elle potentiellement responsables de tous les troubles dont il souffrait : dépression, maux de ventre chroniques, angine à répétition, eczéma.

C’est la thèse défendue par les défenseurs de l’alimentation vivante.

Dans les grandes lignes, il s’agit d’une alimentation principalement crue, contenant des aliments très riches en nutriments et en probiotiques.

Serge s’y est mis. Et pour lui ça a fonctionné : après 1 an et demi tous ses maux se sont « envolés », même sa dépression.

Des carottes croquantes contre la dépression ?

Des chercheurs de l’Université d’Otago ont mené une étude[1] sur 600 jeunes adultes dépressifs de Nouvelle-Zélande et des États-Unis pendant un an.

Lisez bien, c’est passionnant. 

300 sujets ont suivi une alimentation très riche en fruits et légumes crus. Les 300 autres suivaient une alimentation très riche en fruits et légumes cuits, en conserve ou transformés.

Cette étude prenait aussi en compte des variables comme l’exercice, le sommeil, l’état de santé, le statut socio-économique, l’ethnicité et le sexe afin de limiter les biais.

Le Dr Tamlin Conner, maître de conférences en psychologie et auteur principal de l’étude, a observé que la consommation de fruits et légumes crus diminuait considérablement les symptômes dépressifs sur les cohortes étudiées.

Les 10 principaux aliments crus associés à une meilleure santé mentale étaient, dans l’ordre :

  • carottes,
  • bananes,
  • pommes,
  • légumes à feuilles vertes comme les épinards,
  • pamplemousse,
  • laitue,
  • agrumes,
  • baies fraîches,
  • concombre
  • kiwi.

Cette «  alimentation vivante » aurait des effets positifs sur d’autres maladies : le diabète[2], le surpoids[3], l’arthrose[4], l’endométriose[5]… Elle est même conseillée par certains médecins pour aider à lutter contre le cancer[6].

Une alimentation complémentaire aux chimiothérapies ?

Déjà dans les années 1920, aux États-Unis, le Dr Max Gerson avait mené une étude sur 153 patients atteints de cancer, à qui il faisait suivre une alimentation à base de jus de fruits et légumes et autres aliments crus, en parallèle de leur traitement classique.

Il concluait que la durée de vie des patients ayant adopté cette alimentation était allongée de 5 ans par rapport à un traitement classique sans modification de leur alimentation[7].

Depuis, d’autres spécialistes préconisent cette alimentation en accompagnement des chimiothérapies, comme le Canadien Richard Béliveau, chercheur en médecine moléculaire du cancer :

« Les aliments crus sont les plus riches en nutriments, par exemple l’apigénine du persil, qui attaquent directement les cellules cancéreuses tout en réduisant l’inflammation »[8].

Moins de calories, plus d’énergie !

Mais comment fait-on pour manger « vivant » ?

Irène Grosjean explique que l’objectif est d’offrir à notre corps des aliments à forte densité nutritionnelle, riche en enzymes, facilement assimilables par notre organisme.

« Densité nutritionnelle élevée » c’est lorsque la teneur en nutriments (vitamines, minéraux…) d’un aliment est élevée et que son apport énergétique (ou calorique) est faible. C’est le cas de tous les fruits et légumes crus.

Cuits, les aliments sont plus riches en calories mais faibles en nutriments. Ils épuiseraient davantage votre organisme.

Du plus énergétique au moins énergétique, vous avez selon les tenants de l’alimentation vivante :

  1. les aliments biogéniques, dotés d’une forte charge énergétique : graines germées, jeunes pousses, jus de jeunes pousses, micro-algues ; ce sont les aliments les plus riches en chlorophylle, pourvoyeur important d’oxygène, dépurateur de notre sang et de notre organisme ;
  2. les aliments bioactifs les suivent de près : ils favorisent et entretiennent la vitalité : légumes et fruits crus bio, graines et fruits oléagineux (amandes, noisettes…), algues marines;
  3. les aliments biostatiques représentés par les aliments cuits ;
  4. les aliments biocidiques, chimiquement traités, raffinés, irradiés et dévitalisés.

Attention, tous les aliments crus ne sont pas vivants.

La viande crue est par exemple considérée comme « morte » par l’alimentation vivante !

Je suis d’accord, ce n’est pas toujours facile de s’y retrouver…

Voici comment réveiller les aliments endormis !

D’autant que certains aliments sont qualifiés de « dormants ». Il serait possible de les réveiller pour bénéficier de tous leurs principes actifs !

Les amandes séchées par exemple, telles qu’on les trouve dans le commerce, sont considérées comme « dormantes » par l’alimentation vivante.

C’est aussi le cas des pignons, noisettes, noix de toutes sortes…, des céréales, des légumineuses ainsi que des graines de tournesol, sésame, lin, courge…

Leur « sommeil » serait protégé par des inhibiteurs d’enzymes, dans le but qu’elles ne pourrissent pas.

Pour les réveiller, il suffirait de tremper les aliments endormis dans de l’eau, filtrée de préférence, pendant quelques heures (8 à 12 heures), puis de bien les rincer.

Ensuite, suivant la spécificité de l’aliment, on peut le consommer tel quel (ex : amandes), le faire germer (ex : sarrasin) ou même le cuire (ex : lentilles). 

Le trempage a deux autres avantages non négligeables :

  • il permet de mieux digérer les aliments en ramollissant les fibres alimentaires;
  • il permet de diviser d’un tiers le temps de cuisson, notamment des légumineuses.

Le bon réflexe : une poignée de choucroute en début de repas

Il est aussi conseillé de manger des aliments lactofermentés en début de repas comme la choucroute ou le kimchi, car leur richesse en principes actifs (probiotiques) accélèrerait leur propre digestion et favoriserait celle des aliments qui suivront.

Attention cependant, en trop grandes quantités cela peut provoquer des ballonnements.

L’équivalent d’une poignée de légumes lactofermentés au début du repas est la portion idéale.

Vous pouvez aussi à la place, boire un verre de kéfir ou de kombucha, également riches en probiotiques.

Le crudivorisme, une bonne idée…à court terme ?

Les effets bénéfiques du crudivorisme à court terme sont largement documentés.

C’est le principe de la détox : pendant quelques semaines, on laisse son corps se libérer des toxines accumulées en ne lui donnant presque que des fruits et légumes, riches en fibres, vitamines, et nutriments.

Cette cure permet de drainer vos organes : poumons, foie, reins, intestins… et de désacidifier votre organisme, ce qui limite les risques de développer des maladies graves[9].

Le problème des défenseurs du crudivorisme, c’est qu’ils suggèrent que cette alimentation serait la meilleure pour tout le monde et sur la durée. Or, rien n’est moins sûr !

L’alimentation vivante n’est pas pour tout le monde

Il me paraît évident que si on ne mange pratiquement que des légumes et fruits crus, on s’expose à de graves carences. Les fruits et légumes sont certes riches en vitamines et en fibres. Mais ils ne contiennent :

  • pas de vitamine B12, indispensable au bon fonctionnement du corps ;
  • peu de fer absorbable, de calcium, de vitamine D et d’omega-3, essentiels pour avoir de l’énergie, soutenir votre système immunitaire, vos os, vos muscles, votre système nerveux…

Si vous faites le choix de l’alimentation vivante, vous devrez obligatoirement prendre plusieurs compléments alimentaires, en plus de vos repas, et ce tous les jours. Cela peut se révéler contraignant.

Par ailleurs, l’alimentation crue est à éviter si vous êtes êtes :

  • très fin et sec, car l’alimentation crue est pauvre en calories et fait maigrir[10]; je la déconseille particulièrement aux femmes très minces non ménopausées ; une étude sur des femmes non ménopausées a démontré que, sur le long terme, l’alimentation crue crée de graves dérèglements hormonaux, qui se traduisent souvent par la disparition des règles pendant plusieurs mois, voire années  – ce serait lié à la perte de poids et une carence en certains nutriments, notamment en fer [11] ;
  • si vous souffrez de ballonnements, car certains aliments crus sont très riches en FODMAPS, des sucres très irritants pour l’intestin. C’est le cas du chou cru, de l’ail, des oignons, du fenouil, de la betterave, des pommes, de la mangue, des pêches, des prunes, de la pastèque, des fromages frais non affinés…[12].

Soyez donc prudents si l’alimentation crue vous attire. Ne changez pas vos habitudes alimentaires trop brutalement.

Si vous choisissez de l’adopter sur le long terme, je vous conseille de faire des bilans sanguins tous les 6 mois pour vérifier que vous n’avez pas de carences.

Bien à vous, 

Rodolphe


[1] Kate L. Brookie, Georgia I. Best, Tamlin S. Conner. Intake of Raw Fruits and Vegetables Is Associated With Better Mental Health Than Intake of Processed Fruits and Vegetables. Frontiers in Psychology, 2018; 9 DOI: 10.3389/fpsyg.2018.00487

[2] https://www.diabetes.co.uk/diet/raw-food-diet.html

[3] https://www.diabetes.co.uk/diet/raw-food-diet.html

[4]Clinton CM, O’Brien S, Law J, Renier CM, Wendt MR. Whole-foods, plant-based diet alleviates the symptoms of osteoarthritis. Arthritis. 2015;2015:708152. doi:10.1155/2015/708152

[5] Harris HR, Eke AC, Chavarro JE, Missmer SA. Fruit and vegetable consumption and risk of endometriosis. Hum Reprod. 2018;33(4):715-727. doi:10.1093/humrep/dey014

[6] Gerson M. The cure of advanced cancer by diet therapy: a summary of 30 years of clinical experimentation. Physiol Chem Phys. 1978;10:449-464.

[7] Gerson M. The cure of advanced cancer by diet therapy: a summary of 30 years of clinical experimentation. Physiol Chem Phys. 1978;10:449-464.

[8] Richard Béliveau, Cuisiner avec des aliments contre le cancer, éditions Robert Laffont, 2008.

[9] https://www.lanutrition.fr/bien-dans-son-assiette/le-potentiel-sante-des-aliments/aliments-acidifiants-et-basifiants/lynda-frassetto-llacidose-chronique-est-responsable-de-la-degeneration-des-os-des-muscles-et-des-reinsr

[10] https://www.researchgate.net/publication/12864083_Consequences_of_a_Long-Term_Raw_Food_Diet_on_Body_Weight_and_Menstruation_Results_of_a_Questionnaire_Survey

[11] https://www.researchgate.net/publication/12864083_Consequences_of_a_Long-Term_Raw_Food_Diet_on_Body_Weight_and_Menstruation_Results_of_a_Questionnaire_Survey

[12] https://paulinediet.fr/regime-fodmap-liste-aliments-pauvres-fodmaps/