L’écœurante nostalgie de la Commission européenne pour la STASI
Chers amis,
Vous souvenez-vous du film La Vie des autres ?
Sorti il y a bientôt vingt ans (comme le temps passe vite !), ce film vous plonge dans l’Allemagne de l’Est des années 1980, et met en scène un capitaine de la STASI totalement dévoué au système, espionnant les moindres faits et gestes d’un concitoyen.
La STASI, c’était, officiellement, le ministère de la Sécurité d’État de la RDA.
Sous couvert, donc, de « sécurité », la STASI avait des fiches sur des millions de citoyens, est-allemands, mais aussi étrangers[1].
La dénonciation et l’espionnage de son prochain nourrissaient ces fiches, évidemment ; mais surtout la STASI avait mis en place un stupéfiant réseau de micros qui lui permettait d’écouter, d’enregistrer, et de ficher chaque conversation privée de millions de citoyens.
Aujourd’hui encore, l’Allemagne post-réunification n’a pas fini d’archiver les dizaines de millions de pages des archives de cette police secrète qui avait des ramifications absolument partout[2].
Ce cauchemar totalitaire a brisé des familles entières.
C’était le mépris le plus total à l’égard de la vie privée – au nom d’une « cause supérieure » (la sécurité de l’État) – associé à l’efficacité allemande.
Si vous croyez que cette aberration liberticide est révolue, abolie depuis la chute du bloc soviétique, c’est faux : elle s’apprête à se déployer à une échelle encore inédite grâce aux technologies numériques et… sous l’égide de l’UE.
Et ce dans un mois, jour pour jour.
La STASI 2.0 sera lancée dans un mois
Le 14 octobre 2025 est une date qui pourrait bien entrer dans l’Histoire.
Mais pas dans le bon sens.
Ce jour-là, les États membres de l’Union européenne voteront un règlement qui menace frontalement le respect de votre vie privée et qui, dans les faits, est une résurrection « 2.0 » des méthodes et de l’ampleur de la STASI.
Cet énième projet de règlement, appelé entre autres « Chat Control » – nous verrons que c’est réducteur – sur lequel doivent se prononcer les élus européens, a pour prétexte de lutter contre les abus sexuels sur mineurs[3].
La cause est noble, et juste.
La méthode est catastrophique.
Car ce règlement, sous couvert de protéger nos enfants, marquerait le « top départ » à une surveillance massive sans précédent dans nos sociétés dites démocratiques.
Comment ? Par le scan automatique de toutes vos communications privées.
Une cause juste pour servir de justification à un viol de votre vie privée
Officiellement, cette loi vise à détecter et retirer les contenus pédopornographiques en ligne (CSAM – Child Sexual Abuse Material).
Une priorité légitime, urgente, que personne ne conteste.
Il faudrait en effet être littéralement un monstre, et un criminel, pour ne pas condamner et empêcher la pédophilie.
Mais ce consensus sur la fin est un cheval de Troie pour justifier des moyens inacceptables, ceux de la surveillance de la masse de la population.
Ce que prévoit le texte est en effet proprement sidérant :
- Il imposera aux services de messagerie, aux plateformes e-mail et autres outils de communication, de scanner tous les contenus que vous envoyez et recevez : textes, images, vidéos, même dans vos conversations chiffrées de bout en bout, celles que vous pensiez sécurisées.
- Ce scan serait effectué directement sur votre téléphone ou votre ordinateur (c’est ce qu’on appelle le client-side scanning).
En clair : l’UE aura un œil invisible, qui lit tout avant que vous n’ayez même cliqué sur « envoyer ».
La méthode de la « cause noble » pour imposer peu à peu une société de la surveillance
La Commission européenne travaille sur ce projet de règlement depuis 2022.
La date n’est pas anodine.
C’est en effet l’époque à laquelle tous les gouvernements technocratiques se sont sentis pousser des ailes dans la foulée de la « crise sanitaire ».
Inutile de pousser trop loin la piqûre de rappel – c’est le cas de le dire : la lutte contre le Covid a permis de faire « passer crème » auprès de la population des mesures qui, dix ans plus tôt, auraient été jugées intolérables :
- réduction de la liberté de circulation,
- extinction du secret médical,
- abolition du consentement
- et « traçage » numérique sur la base de vos données médicales.
Le début des années 2020 a prouvé aux autorités que la majorité des citoyens était en effet prête à renoncer à ses libertés fondamentales en échange non pas de la sécurité, mais d’une illusion de sécurité, et d’une « cause noble ».
Ce sophisme qui permet de justifier des moyens injustes sous prétexte d’une cause perçue comme juste s’est, depuis, multiplié – jusqu’à la caricature : vous vous souvenez peut-être de la proposition saugrenue du ministre Gérald Darmanin de « supprimer l’argent liquide » pour en finir avec le deal de drogues dans les cités.
Le caractère manipulateur d’une telle proposition saute aux yeux de toute personne dotée de bon sens, mais dans un contexte de déploiement prochain par l’UE à la fois de l’identité numérique et de l’euro numérique, cette histoire de lutte contre le deal apparaît comme un prétexte supplémentaire à la disparition programmée de l’argent liquide.
Là encore, qui – hormis les dealers et consommateurs de drogues eux-mêmes – oserait contester le bien-fondé de la lutte contre le deal de rue ?
C’est d’un cynisme insupportable.
Ce mélange des genres, d’une fin juste et de moyens injustes, a complètement gangréné les autorités.
Et la loi « chatcontrol » est probablement l’une des pires avancées dans ce domaine – c’est-à-dire l’un des pires reculs en termes d’État de droit.
« Chatcontrol », mon œil !
Parler de « chatcontrol » est en effet réducteur.
Ça n’est que la partie émergée de l’iceberg.
Mais prenons tout de même cette entrée-là.
Sous prétexte de protéger les enfants, l’UE s’apprête à briser le chiffrement, ce verrou qui sécurise aujourd’hui vos données personnelles, vos échanges intimes, vos messages professionnels, vos photos de famille.
On s’apprête à implanter des dispositifs de surveillance dans chaque appareil connecté.
C’est le retour du « ministère de la sécurité » version RDA mais avec des moyens incomparablement plus puissants qu’il y a quarante ans.
Même plus besoin d’installer des micros dans votre appartement : vous utiliserez et porterez sur vous en permanence les moyens de votre mise sur écoute et surveillance.
C’est la STASI 2.0.
Car une fois que le système aura été adopté, sous ce « noble prétexte », qui vous garantit que ces outils ne seront pas détournés demain pour détecter autre chose que du contenu pédopornographique ?
Ce que la lutte contre la pédophilie justifie aujourd’hui, ce que la lutte contre le Covid justifiait hier, pourra être prolongé, étendu, systématisé, sous des prétextes qui paraîtront tout aussi « justes » : les tensions avec la Russie, la lutte contre le terrorisme, la crise énergétique…
Une fois mis en place, ce système inouï de surveillance numérique pourra servir à « relever », tracer, et pister :
- des propos « inappropriés »
- des critiques du pouvoir
- des opinions non conformes.
La définition de toutes ces entrées étant incroyablement élastique et sujette à interprétation, la STASI 2.0 pourra emballer le tout sous couvert de lutte pour la sécurité.
La technologie sera déjà en place.
Il suffira de modifier les filtres.
Le risque est sérieux, et proche
Différentes ONG, des cryptographes, des ingénieurs en sécurité informatique, des défenseurs des libertés numériques, tous disent la même chose : c’est un risque démesuré, un précédent dangereux.
Ce règlement violerait l’article 12 de la Déclaration universelle des droits humains, ainsi que la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, notamment l’article garantissant le respect de la vie privée et des communications[4].
Outre le danger représenté par des faux positifs, erreurs, dénonciations abusives, ces systèmes automatisés ne sont pas infaillibles.
Ils peuvent confondre une image d’enfant dans un bain avec un contenu illicite. Ils peuvent interpréter un message affectueux entre proches comme suspect.
Et ensuite ?
Blocage de compte, signalement, enquête, stigmatisation… pour un simple malentendu technologique.
Lorsque l’identité numérique et l’euro numérique seront institués – c’est une affaire de quelques mois, comme vous le savez – nous entrerons officiellement dans une société de la surveillance de masse, du contrôle de la vie privée et du crédit social.
Tout « pas de travers » aux yeux de cette STASI 2.0 pourra signifier pour vous : déplacements limités voire assignation à résidence, gel de vos avoirs bancaires, « échelonnage » de vos droits civiques en fonction de votre comportement…
Le fait que cette société cauchemardesque émerge sous le patronage de l’Allemande Ursula von der Leyen ne me surprend pas : cette ancienne ministre des armées d’Angela Markel a, dans la culture technocratique de la Commission européenne, pu donner libre cours à sa passion pour l’assujettissement des masses, la torsion des volontés individuelles et le triomphe de l’autorité aveugle.
Il serait tentant, et par trop facile, d’y voir la résurgence d’un tropisme national-socialiste, mais le point Godwin lui-même est obsolète : ce qui guide ces ayatollahs du contrôle, c’est bel et bien l’ambition de surveiller et régenter la moindre parcelle de vie privée de chaque citoyen, avec les méthodes et « l’obsession sécuritaire » de la STASI.
Le vrai choix du 14 octobre : la liberté ou la surveillance
Il ne s’agit pas d’être pour ou contre la protection de l’enfance.
Le débat n’est pas là, malgré le piège grossier tendu par la Commission européenne.
Il s’agit de refuser une solution disproportionnée, liberticide, et potentiellement inefficace.
Il s’agit de dire non à une société où chaque message est présumé suspect, où chaque citoyen est traité comme un criminel potentiel.
Ce vote, ce 14 octobre, peut encore être influencé.
Des États membres hésitent.
Leur position dépendra de la pression citoyenne, du niveau d’alerte, du bruit que nous ferons ensemble.
Je vous invite à signer et à partager auprès de vos proches cette pétition urgente :
NON à la loi du 14 octobre 2025 inaugurant la surveillance de masse dans l’UE
Et surtout : parlez-en autour de vous.
Informez vos amis, vos parents, vos collègues, vos voisins.
Portez-vous bien,
Rodolphe
[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Minist%C3%A8re_de_la_S%C3%A9curit%C3%A9_d%27%C3%89tat – « Ministère de la Sécurité d’Etat » (fiche Wikipédia)
[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Archives_de_la_Stasi – « Archives de la Stasi » (fiche Wikipédia)
[3] https://eu.ci/eu-chat-control-regulation/ – « EU “Chat Control” Regulation Nears Final Vote : Understanding the Proposal, the Process and What Comes Next », site de l’European Crypto Initiative
[4] https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/P-10-2025-003246_EN.html – « Potential surveillance of all private communications of EU citizens conflicting with the UN Universal Declaration of Human Rights and the EU Charter of Fundamental Rights », site du Parlement européen, 15 août 2025
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Bonjour Rodolphe
Tout a fait d’accord ! Il faut vraiment être plus que naïfs pour croire que ces corrompus ont pour finalité la lutte contre la pédocriminalité ! Que beaucoup tombent encore dans un piège aussi évident après la leçon du covid est pathétique ! Et « en même temps » c’est pas si étonnant quand on voit le formatage de l’instruction des médias etc … Surtout ne plus rechercher les infos, ne plus comparer, ne plus réfléchir ! La TV a dit !….
Et ca vous étonne ? Toutes les crapules qui détestent la Russie d’aujourd’hui (autrement dit quasiment toute l’UE) étaient des admirateurs de l’URSS de Staline, alors rien d’étonnant