Cher lecteurs,

Plus de 120 vaccins contre le Covid-19 sont actuellement à l’essai dans le monde. Au moins trois laboratoires devraient recevoir une autorisation de commercialisation cet automne. Mais ces vaccins à venir seront-ils efficaces ?

Pourquoi on ne peut pas tout miser sur les vaccins

Certains chercheurs pensent que le Covid-19 a une grande capacité de mutation (plus que la grippe saisonnière)[1].

Le 20 avril dernier, une étude chinoise (non validée mais effectuée par un chercheur réputé) estime que les souches du virus sont plus nombreuses qu’on le pensait. Celles que l’on trouve en Europe et à New-York seraient parmi les plus agressives[2].

Vous le savez sans doute, certains virus n’ont pas pu être guéri par des vaccins. En 1957, aucun laboratoire n’avait réussi à établir un vaccin contre la grippe asiatique. L’épidémie s’était calmée naturellement[3].

De même, aucun vaccin permanent n’a été trouvé pour la grippe saisonnière. Comme il n’existe pas une souche, mais 4 souches principales du virus, les épidémiologistes doivent pouvoir anticiper et prédire la souche dominante d’une année sur l’autre.

Or, parfois, ils se trompent : en 2014-2015, au Canada, les chercheurs avaient fait de mauvaises projections, ce qui avait rendu le vaccin inefficace et provoqué 600 morts à l’échelle du pays[4].

L’espoir d’un vaccin ne tient que si le virus évolue lentement. Il faudrait, comme pour la grippe saisonnière, que les souches soient prédictibles. Malheureusement, pour le moment, les scientifiques n’ont aucune certitude à ce sujet, surtout qu’il existerait à ce jour 14 mutations du virus selon une étude chinoise parue récemment[5].

Par ailleurs, cette course effrénée aux vaccins (il en surgit de nouveaux chaque semaine) sans tests suffisants fait craindre à certains experts des effets secondaires rares ainsi qu’une aggravation de la maladie chez certains patients dans le pire des cas.

Enfin, le vaccin qui aura le plus de succès ne sera pas forcément le plus efficace, mais celui qui pourra être produit à grande échelle, car il faudra plusieurs milliards de doses pour vacciner la planète – plus encore si le vaccin nécessite une double injection[6].

Mieux vaut donc ne pas tout miser sur les vaccins et continuer à envisager toutes les autres solutions prometteuses.

Mais en fait, comment ça marche un vaccin ?

La vaccination consiste à introduire dans l’organisme le virus « mort » ou vivant, mais modifié pour être inoffensif.

Le système immunitaire va reconnaître qu’il s’agit d’une substance étrangère contre laquelle il faut se défendre et produire des anticorps spécifiques.

En cas de contact avec une version « active » du virus, la production des mêmes anticorps sera mise en route beaucoup plus rapidement. Et le virus sera détruit.

À ce jour, 4 types de vaccins sont envisagés contre le Covid-19[7] :

  • Les vaccins vivants atténués : c’est potentiellement la méthode la plus efficace, mais aussi celle qui demande le plus de précautions car elle peut entraîner de fâcheux effets secondaires. C’est d’ailleurs la technique la moins utilisée contre le Covid-19. Sur les plus de 120 vaccins candidats, seuls sept utilisent cette méthode.
  • Les vaccins inactivés : il s’agit de vaccins contenant l’agent pathogène cible, mais tué par la chaleur ou des traitements chimiques. Ils ne présentent aucun risque infectieux mais génèrent une forte réponse immunitaire. Ils peuvent engendrer des effets indésirables mais sont faciles à produire à grande échelle et peu coûteux. Le principal candidat dans cette catégorie est celui de l’entreprise chinoise Sinovac. Il a été testé sur des macaques rhésus et semblerait prometteur.
  • Les vaccins sous-unitaires et recombinants : ils contiennent des fragments du virus. Dans le cas du SRAS-CoV-2, les chercheurs utilisent une protéine contenue dans le virus, la protéine S, qui lui sert à s’accrocher aux cellules humaines. L’activité stimulatrice de ces vaccins est plus précise, mais elle est souvent moins intense, et demande donc plus d’injections. Il y en a beaucoup en développement. Parmi les compagnies en lice : Sanofi Pasteur, Novavax, GSK, Vaxil Bio, Heat Biologics…
  • Les vaccins à ADN, ou ARN (une forme plus flexible de l’ADN) : si elles font l’objet de travaux depuis plusieurs années, ces technologies de vaccination n’avaient encore jamais été autorisées chez l’humain (elles sont utilisées pour les élevages de saumons actuellement). Il s’agit de faire produire les fragments d’agents infectieux capables de stimuler la réponse immunitaire directement par les cellules du patient. Rapides à développer et peu coûteux, leur efficacité restent à prouver. Les deux laboratoires à l’origine des premiers essais cliniques aux États-Unis, Inovio Pharmaceuticals et Moderna Therapeutics, ont choisi ces technologies, et de nombreux autres leur ont emboîté le pas.

Où en sont les différents laboratoires ?

Les premiers de la course ont leur siège en Chine, aux États-Unis et en Europe. À ce jour, sept laboratoires ont débuté des tests cliniques sur l’être humain. À ce stade, il s’agit de s’assurer de l’innocuité du vaccin et de déterminer le dosage à injecter.

Étape suivante : le test d’efficacité sur un nombre plus important de patients, avant la production à large échelle. Beaucoup de candidats, mais peu d’élus, puisque moins de 10 % des vaccins à l’essai seront un jour mis sur le marché[8].

Alors que certaines sources indiquent que la mise sur le marché des premiers vaccins ne se fera pas avant 18 mois, le site de recherche pharmaceutique Biocentury affirme qu’au moins trois entreprises américaines pourraient recevoir une autorisation de commercialisation cet automne (BioNTech / Pfizer, Moderna, et Unity of Oxford / Vaccitech)[9].

Une demi-douzaine de laboratoires aux États-Unis dévoilent leur intention d’accélérer la fabrication des vaccins avant d’obtenir l’autorisation d’utilisation en cas d’urgence. Ils seraient en capacité de produire entre 1 million et 100 millions de doses selon les laboratoires. Une accélération qui n’est pas sans risque selon certains spécialistes, parmi lesquels le docteur Peter Hotez, l’un des plus éminents spécialiste des vaccins et maladies infectieuses au Baylor College of Medicine[10].

Pour vérifier l’efficacité réelle des vaccins, il faudra recourir à des tests à large échelle, qui sont le seul moyen de repérer les effets secondaires rares et de savoir si le vaccin fonctionne sur tous les groupes de population.

Comme nous ne pouvons pas tout miser sur les vaccins, ce sont les petits gestes du quotidien pour booster votre immunité qui priment (consommer des aliments riches en vitamines C, remplacer le sucre blanc par du miel, faire 10 minutes de yoga ou une marche énergique de 30 minutes par jour, etc).

Prenez soin de vous,

Floriane

[1] Sébastian Seibt, “Covid-19 : un coronavirus aux nombreuses mutations précoces”, France24, 23 avril, disponible sur : https://www.france24.com/fr/20200423-covid-19-un-coronavirus-aux-nombreuses-mutations-pr%C3%A9coces

[2] Thierry Borsa, “L’Europe touchée par la souche la plus mortelle du coronavirus ?”, PourquoiDocteur, 21 avril, disponible sur :  https://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/32234-L-Europe-touchee-souche-la-mortelle-coronavirus

[3] Jimmy Bourquin, “Histoire des pandémies oubliées : la grippe asiatique en France (1957-1958)”, France Inter, 27 avril, disponible sur : https://www.franceinter.fr/histoire/histoire-des-pandemies-oubliees-la-grippe-asiatique-en-france-1957-1958

[4] Philippe Mercure, “Le rêve d’un vaccin universel contre la grippe”, La Presse, 21 janvier 2017, disponible sur :   https://www.lapresse.ca/actualites/sante/201701/20/01-5061735-le-reve-dun-vaccin-universel-contre-la-grippe.php

[5] Bob Yirka, “14 mutations found in SARS-CoV-2: One strain may be more easily spread”, Medical Xpress, 6 mai, disponible sur :  https://medicalxpress.com/news/2020-05-mutations-sars-cov-strain-easily.html

[6] Patricia Peiró, “Los cinco pecados que no se deben repetir con la vacuna de la covid-19”, El País, 3 mai, disponible sur : https://elpais.com/elpais/2020/05/01/planeta_futuro/1588335451_306391.html

[7] Marine Corniou, “Vaccins contre la COVID-19 : quelles sont les stratégies à l’étude ?”, Québec Science, 27 avril, disponible sur : https://www.quebecscience.qc.ca/sante/vaccins-contre-covid-19/

[8] Maya Chollet/ebz, “Plus de 120 vaccins à l’essai contre le Covid-19 dans le monde”, RTS, 7 mai, disponible sur : https://www.rts.ch/info/sciences-tech/11304151-plus-de-120-vaccins-a-l-essai-contre-le-covid-19-dans-le-monde.html

[9] https://www.biocentury.com/article/305091

[10] https://edition.cnn.com/2020/03/31/us/coronavirus-vaccine-timetable-concerns-experts-invs/index.html