Chers amis,

Le 4 avril dernier, nous vous avions parlé d’une piste à l’étude dans plusieurs pays : le don de plasma de patients guéris, pour soigner des patients gravement malades du Covid-19. Depuis, des médecins chinois, sud-coréens et autrichiens ont publié des premiers résultats intéressants. 

Une méthode déjà utilisée lors de précédentes épidémies 

L’idée a été largement utilisée par le passé. Elle s’est révélée efficace durant l’épidémie de grippe espagnole de 1918, mais aussi de SRAS en 2003, de H1N1 en 2009, de MERS en 2012 et d’Ebola en 2014[1]

L’approche fait aujourd’hui l’objet de plusieurs essais cliniques en France, aux États-Unis, en Chine, en Corée du Sud, en Autriche, aux Pays-Bas, en Angleterre, en Suisse…

Comment ça marche ? Une personne guérie depuis au moins deux semaines du Covid-19 présente une quantité suffisante d’anticorps pour en donner à d’autres patients. Ces anticorps se trouvent dans son plasma sanguin et peuvent être récupérés lors d’un don, semblable au don du sang classique.

Le plasma sanguin est le composant liquide du sang, dans lequel les cellules sanguines sont en suspension. Il contient plusieurs composants qui intéressent les médecins : l’albumine, utilisée chez les grands brûlés, les facteurs de coagulation, utiles dans les hémorragies, et enfin les immunoglobulines, les fameux anticorps qui nous intéressent dans le cadre de la lutte contre la maladie Covid-19.

Les immunoglobulines ont montré leur efficacité dans le cadre de plusieurs autres maladies, et le don de plasma constitue déjà une pratique très encadrée.

Des premiers résultats encourageants

Le 5 avril dernier, une première étude coréenne réalisée sur deux patients présentant des symptômes graves du Covid-19 a été publiée[2]. Tous deux souffraient d’une pneumonie. Le premier patient, un homme âgé de 71 ans sans antécédents médicaux, avait d’abord pris des antibiotiques, sans aucun effet. Le second patient, une femme de 67 ans souffrant d’hypertension artérielle, avait au départ reçu un traitement à base de médicaments contre le paludisme, mais cela n’avait rien donné.

Ces deux patients ont vu leur état s’améliorer nettement quelques jours après avoir reçu du plasma de patients guéris (les donneurs avaient une vingtaine d’années). L’homme a pu quitter son respirateur, la femme est sortie de l’hôpital.

Le 28 avril, une nouvelle étude menée sur 10 patients chinois à Wuhan est parue dans la revue américaine PNAS[3]. Tous les patients traités présentaient des symptômes graves (selon les critères fixés par l’OMS). Un à trois jours après la transfusion de 200 millilitres de plasma, ces derniers auraient tous vu leurs symptômes (en particulier la fièvre, les difficultés respiratoires, la toux et les douleurs de poitrine) disparaître ou s’améliorer sensiblement. Le niveau d’anticorps neutralisants aurait, quant à lui, augmenté dans la moitié des cas et serait resté stable dans l’autre moitié.

Ce jeudi 7 mai, l’Autriche a aussi partagé ses premiers résultats. Vingt personnes ont été traitées avec du plasma sanguin de personnes convalescentes du Covid-19. Cette thérapie a donné des résultats probants sur trois patients soignés à l’hôpital de Graz, désormais guéris, a indiqué un infectiologue de cet établissement, Robert Krause[4].

Comme vous le voyez, ces premiers résultats sont encourageants. Mais cette thérapie encore expérimentale doit maintenant faire l’objet d’essais plus larges. Certaines sont actuellement en cours, dont l’une en France.

En France, Coviplasm cherche des donneurs

En France, dans le cadre d’une grande étude nommée Coviplasm, l’EFS (Établissement français du sang) cherche à déterminer si le plasma, prélevé sur un patient guéri du Covid-19, pourrait servir de remède[5].

L’ESF cherche à constituer des stocks de plasma, et vise un objectif de 5 000 dons au cours des deux mois à venir. Pour participer, les volontaires doivent répondre à ce premier critère essentiel : avoir été contaminés et être guéris du Covid-19.

Si c’est votre cas et que vous souhaitez faire don de votre plasma, sachez que ces autres conditions sont requises[6] :

  • peser plus de 50 kg et avoir entre 18 et 65 ans ;
  • ne pas avoir de symptômes de fièvre ou de gêne respiratoire depuis au moins 2 semaines ;
  • En revanche, les syndromes peu graves comme la perte de goût ou d’odorat ne font pas obstacle au don.

Prenez soin de vous,

Floriane

[1] “Convalescent plasma treatment reduced mortality in patients with severe H1N1”, Healio, février 2011, disponible sur : https://www.healio.com/infectious-disease/vaccine-preventable-diseases/news/print/infectious-disease-news/%7B31e47e21-1be8-451a-bd5b-5bde1afea4e9%7D/convalescent-plasma-treatment-reduced-mortality-in-patients-with-severe-h1n1

[2] Jin Young Ahn et al., “Use of Convalescent Plasma Therapy in Two COVID-19 Patients with Acute Respiratory Distress Syndrome in Korea”, JKMS, 6 avril, disponible sur : https://jkms.org/DOIx.php?id=10.3346/jkms.2020.35.e149

[3] PNAS April 28, 2020 117 (17) 9490-9496; first published April 6, 2020 https://doi.org/10.1073/pnas.2004168117

[4]  “Austria says blood plasma cures several coronavirus patients”, Medical Xpress, 7 mai, disponible sur : https://medicalxpress.com/news/2020-05-austria-blood-plasma-coronavirus-patients.html

[5] Damien Poirier, “Coviplasm : l’essai clinique avec du plasma de patients guéris avance…”, MaCommune.info, 17 avril, disponible sur : https://www.macommune.info/coviplasm-un-essai-clinique-avec-du-plasma-de-patients-gueris/

[6] Manon Hilaire, “Des tests sur le plasma sanguin comme remède au covid-19”, Le Trois, 4 mai, disponible sur : https://letrois.info/actualites/des-tests-sur-le-plasma-sanguin-comme-remede-au-covid-19/