Chers amis,

D’après une analyse du Global Health 50/50[1] et les données dont on dispose, les hommes ont 2 fois plus de risque que les femmes de tomber gravement malades ou de mourir du coronavirus.

Actuellement, deux essais cliniques[2] sont en cours pour déterminer si les hormones féminines jouent un rôle dans la protection contre le virus, en plus des facteurs génétiques et comportementaux.

Deux recherches menées aux États-Unis

La semaine dernière, les médecins de la Stony Brook University de Long Island à New York, ont commencé à traiter des patients Covid-19 avec des œstrogènes dans le but de renforcer leur système immunitaire.

De précédentes recherches avaient en effet suggéré que les œstrogènes pourraient réduire le nombre de récepteurs ACE2 à la surface des cellules que le virus utilise pour pénétrer dans l’organisme. 

Cette étude est réalisée sur 110 patients testés positifs au Covid-19 ou présumés positifs. L’essai est ouvert aux hommes adultes ainsi qu’aux femmes âgées de 55 ans et plus (car étant ménopausées, elles présentent de faibles taux d’œstrogènes). 

La moitié des participants recevront pendant une semaine un patch d’œstradiol, une hormone synthétisée en temps normal par les ovaires, tandis que l’autre moitié servira de groupe témoin. Dans un mois, les chercheurs rendront leurs premiers résultats.

Une deuxième étude va bientôt démarrer à l’hôpital Cedars-Sinai de Los Angeles. Elle s’intéressera au potentiel de la progestérone, qui a des propriétés anti-inflammatoires. L’hypothèse est que l’hormone pourrait aider à éliminer l’infection et à prévenir les tempêtes de cytokines, ce stade de la maladie où le corps ne se contente pas de combattre le virus mais attaque également ses propres cellules et tissus. Si cela fonctionne, cela réduirait la probabilité d’un syndrome de détresse respiratoire aiguë. 

Cette étude implique 40 hommes hospitalisés testés positifs au Covid-19, mais ne présentant pas d’antécédents graves. La moitié du groupe recevra deux injections de progestérone par jour pendant 5 jours.

Ces deux hormones seraient sans danger, surtout si elles sont utilisées pendant de courtes périodes. 

Les femmes résistent mieux aux infections respiratoires

On a pu remarquer que pour d’autres infections virales des voies respiratoires, l’évolution des symptômes était plus grave chez les patients de sexe masculin.

Des études semblent prouver que les hormones ont un impact sur certains virus :

  • Dans des expériences sur des souris, des chercheurs ont établi que les œstrogènes ont un rôle protecteur contre les coronavirus SARS-CoV-1 et MERS-CoV, en réduisant la réponse inflammatoire[3].

  • Des chercheurs de la Johns Hopkins University ont prouvé que les œstrogènes ont des effets antiviraux protecteurs contre un virus de la grippe saisonnière, le virus influenza de type A. Ces hormones féminines limitent la réplication du virus dans les cellules nasales des femmes, mais pas des hommes[4].

  • Les hommes risquent plus de mourir de la tuberculose que les femmes, et ceux infectés par le virus Epstein-Barr (celui de la mononucléose), développent deux fois plus souvent le lymphome de Hodgkin[5].

Une explication multifactorielle à cette résistance 

Les facteurs hormonaux ne sont pas les seuls à prendre en considération. Si c’était le cas, les femmes âgées seraient plus gravement touchées par le Covid-19, puisque les hormones chutent après la ménopause. Or, chez les plus de 60 ans aussi, les hommes ont plus de complications liées au virus que les femmes. 

Des scientifiques mettent en avant le facteur génétique :

  • Le chromosome X, qui contient de nombreux gènes relatifs à l’immunité, est par exemple présent en deux exemplaires chez la femme contre un seul chez l’homme, note une étude publiée dans la prestigieuse revue BMC[6].

  • Des chercheurs suggèrent la piste évolutionniste : les femmes seraient plus « intéressantes » en tant qu’hôtes pour les agents infectieux[7], car elles peuvent les transmettre pendant la grossesse, la naissance et l’allaitement. Du coup, le virus s’adapterait pour être moins virulent.

Dernier facteur à prendre en considération : les femmes auraient en moyenne un mode de vie plus sain que les hommes[8] :

  • Les hommes sont plus nombreux à fumer que les femmes ;

  • Certains scientifiques soulignent un respect des règles d’hygiène (lavage des mains, etc.) plus fort chez les femmes ;

  • Les femmes consultent plus tôt en cas de problème, ce qui augmenterait leurs chances de survie ;

  • Le taux de mortalité du Covid-19 est étroitement lié aux comorbidités comme l’hypertension, le diabète ou les maladies cardiorespiratoires, qui affectent davantage les hommes.

La piste des hormones féminines pour protéger les hommes du virus est intéressante. Elle reste néanmoins une pièce d’un puzzle plus vaste.

Prenez bien soin de vous, 

Floriane

[1]http://globalhealth5050.org/covid19/

[2]https://www.nytimes.com/2020/04/27/health/coronavirus-estrogen-men.html

[3]https://www.jimmunol.org/content/198/10/4046

[4]https://journals.physiology.org/doi/full/10.1152/ajplung.00398.2015

[5]https://www.nature.com/articles/ncomms13849

[6]https://humgenomics.biomedcentral.com/articles/10.1186/s40246-018-0185-z

[7]https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/certains-virus-moins-virulents-chez-la-femme-que-chez-l-homme_1968471.html

[8]https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/coronavirus-coronavirus-femmes-sont-elles-mieux-protegees-hommes-61222/