Chers lecteurs,

La liste des médicaments envisagés comme traitement pour le Covid-19 s’allonge chaque jour. Le Pepcid, à base de famotidine, un médicament bon marché en vente libre dans de nombreux pays, fait aujourd’hui l’objet d’un essai clinique dans 23 hôpitaux de New York[1]. 

Selon des modélisations faites par le laboratoire américain Alchemla famotidine parviendrait à s’allier au virus et à le ralentir.

Cette recherche prometteuse a été lancée par Michael Callahan, spécialiste américain des maladies infectieuses. 

Le médecin se trouvait en Chine où il réalisait une étude sur la grippe aviaire lorsque l’épidémie s’est déclarée. Sans attendre, il a rejoint ses collègues de Wuhan pour leur prêter main forte.

C’est en étudiant le dossier de 6 200 patients souffrant de maux d’estomac, qu’il a repéré que ceux qui prenaient du Pepcid avait un meilleur taux de survie face au Covid-19 que ceux qui prenaient d’autres médicaments. 

Samedi dernier, des rapports en provenance de Chine suggèrent que le médicament pourrait se lier à une protéine et ainsi empêcher la propagation du virus dans l’organisme.

Cette intuition doit néanmoins être vérifiée.

Certains scientifiques sont sceptiques. John Scott, directeur du département de pharmacologie de l’école de médecine de l’Université de Washington, a par exemple déclaré qu’il n’avait aucune idée de la raison ou de la manière dont cet antihistaminique est censé agir contre le Covid-19[2]

Pour vérifier cette nouvelle piste, un essai clinique a été lancé : déjà 200 patients ont reçu par intraveineuse de la famotidine à une dose neuf fois supérieure à celle prescrite en cas de brûlures d’estomac. L’étude prévoit de traiter 1174 personnes. Les premiers résultats seront publiés dans quelques semaines.

Une étude au départ tenue secrète 

Contrairement à d’autres médicaments testés dans les mêmes hôpitaux, comme le sarilumab et le remdesivir, les tests sur la famotidine étaient jusqu’à présent tenus secrets.

Kevin Tracey, professeur de médecine moléculaire responsable de cette recherche aux hôpitaux de New York, souhaitait en effet attendre la publication des résultats pour partager sa découverte afin d’éviter l’emballement médiatique et ses conséquences.  

Mais l’information aurait fuité.

Craignant que tout le monde se précipite sur les boîtes de Pepcid, il s’est exprimé dans la revue Science[3] afin d’alerter sur le danger de l’automédication. Il craint également un « effet panique » avec des ruptures de stock et une flambée des prix, comme ce qui s’est passé pour la chloroquine ou l’hydroxychloroquine.

Vous l’aurez compris, tant que les résultats ne sont pas publiés, il est fortement déconseillé d’utiliser la famotidine contre le coronavirus.

Portez-vous bien,

Floriane

[1] Anne-Laure Barral, “Le billet sciences. Un médicament contre les brûlures d’estomac testée contre le Covid-19 dans les hôpitaux de New York”, France Info, 29 avril, disponible sur : https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/le-billet-sciences-un-medicament-contre-les-brulures-d-estomac-testee-contre-le-covid-19-dans-les-hopitaux-de-new-york_3918629.html

[2] Elizabeth Weise, “Could heartburn drug famotidine be used to treat coronavirus? The theory is trending online, but there’s no data to support it”,  USA Today, 29 avril, disponible sur : https://eu.usatoday.com/story/news/health/2020/04/28/pepcid-treat-covid-19-theory-trending-online-coronavirus/3043325001/

[3] Brendan Borrell, “New York clinical trial quietly tests heartburn remedy against coronavirus”, ScienceMag, 26 avril, disponible sur :  https://www.sciencemag.org/news/2020/04/new-york-clinical-trial-quietly-tests-heartburn-remedy-against-coronavirus