Chers amis,

Courir en extérieur est un bon moyen de renforcer votre système immunitaire (à condition de ne pas aller au-delà de vos capacités), entretenir votre condition physique et vous aider à supporter le confinement.

Mais des chercheurs belges et néerlandais alertent : il faudrait observer de plus grandes distances de sécurité et veiller à ne pas courir les uns derrière les autres.

Quelles sont les distances à respecter ?  

Lorsqu’un joggeur expire ou tousse, des gouttelettes restent en suspension derrière lui. Vous risqueriez donc d’être contaminé si vous courez trop proche derrière lui.

« La personne qui court jusque derrière – dans ce qu’on appelle le slipstream – passe dans ce nuage de gouttelettes. Le slipstream est la zone qui se trouve juste derrière une personne qui court ou roule à vélo, son sillage », explique le professeur Bert Blocken, chercheur en aérodynamique à l’université de Louvain (Belgique) et à l’université d’Eindhoven (Pays-Bas), toutes deux à l’origine d’une nouvelle étude sur le sujet [1].

Les chercheurs belges et néerlandais ont analysé la dispersion des gouttelettes au moyen de simulations, permettant de visualiser le déplacement de la nuée laissée par une personne en mouvement. Ils ont étudié différentes dispositions (une personne à côté de l’autre, l’une juste derrière l’autre, l’une loin derrière l’autre). 

Voici leurs conclusions : « Ces simulations indiquent que la situation de deux personnes faisant du sport l’une à côté de l’autre, par temps calme, est celle où la distanciation sociale importe le moins. Dans cette configuration-là, les gouttelettes s’envolent derrière les deux personnes. Le risque d’être touché par les gouttelettes d’un autre sportif est également assez faible quand on se tient derrière lui à bonne distance. C’est quand on se trouve juste derrière une personne, dans son “slipstream”, que le risque de contamination est le plus grand»

Le professeur Blocken recommande d’observer une distance d’« au moins quatre à cinq mètres » de la personne de devant lorsqu’on marche, dix mètres quand on court ou circule à vélo, et d’« au moins 20 mètres » lorsqu’on roule à vélo à vive allure.

Des recommandations à nuancer

Les résultats de cette étude ont beaucoup circulé sur les réseaux sociaux pendant le week-end de Pâques et ont parfois donné lieu à des raccourcis.

Le professeur Blocken a décidé de réagir et dit « voir d’un mauvais œil les conclusions qui ont été tirées de son enquête, qui ne porte pas spécifiquement sur le nouveau coronavirus »rapporte la VRT, la radio-télévision publique flamande. Il rappelle que l’étude n’a pas encore été publiée, qu’il est expert en aérodynamique et pas en virologie ou en épidémiologie.

Comme c’est souvent le cas actuellement, en raison de l’urgence sanitaire, les résultats de beaucoup d’études sont publiés avant qu’ils n’aient été validés par des pairs. Mais leur méthodologie et les grandes lignes du protocole suivi sont au moins connus. Dans le cas présent, c’est le professeur qui s’est empressé de contacter la presse pour relayer les résultats de son étude, sans fournir aucun détail sur la méthode utilisée, ainsi que l’explique Vice News[2] !

Selon le virologiste belge Steven Van Gucht, si un joggeur laisse bien dans son sillage des gouttelettes, il reste très peu probable que celles-ci donnent lieu à une contamination [3]. Il précise que quand on se trouve à l’extérieur, « ces gouttelettes sont immédiatement dispersées par le vent. Il ne faut donc pas avoir peur d’aller se promener, courir ou faire du vélo. »

Les résultats de l’étude du professeur Blocken sont cependant intéressants et invitent à maintenir plus scrupuleusement des distances sanitaires lorsque l’on marche, court ou roule à vélo, mais demandent encore à être confirmés. 

Portez-vous bien, 

Malik

[1] http://www.urbanphysics.net/Social%20Distancing%20v20_White_Paper.pdf

[2] https://www.vice.com/en_us/article/v74az9/the-viral-study-about-runners-spreading-coronavirus-is-not-actually-a-study?fbclid=IwAR3OyMhIQkjc6EHqJWT3O-W6RG0ktZVt-3FrzwCyy1vBsStn79aKV-eFuZA

[3] https://www.vrt.be/vrtnws/nl/2020/03/12/misleidendeinfoopsocialemedia/