Chers amis, 

Le déconfinement se profile à l’horizon, même si la patience et la sécurité restent de mise.

Car si les études cliniques se poursuivent, des résultats statistiquement fiables prendront du temps avant d’être établis. Il en va de même pour les traitements.

Les observations des personnels médicaux jouent pourtant un grand rôle dans l’avancée des recherches. J’ai récemment analysé le profil type des patients admis en soins intensifs. Voici ce qu’il en est ressorti.

Une majorité d’obèses en réanimation 

« Toutes les réanimations en France constatent une proportion très importante de patients en surpoids ou en obésité […]. On est à plus de 70 % probablement », indique le Dr Matthieu Schmidt, médecin réanimateur à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. 

L’obésité à elle seule suffit à causer une détresse respiratoire, impliquant une ventilation assistée en soins intensifs.

Selon une étude menée au CHU de Lille sur 124 patients, les trois quarts des patients admis en réanimation souffrent d’obésité ou d’obésité sévère. Deux tiers de ces patients en surpoids ont dû subir une intubation-ventilation. 

Les patients obèses (IMC supérieur à 30) ont ainsi sept fois plus de risques d’être intubés et ventilés que ceux de poids normal (IMC inférieur à 25) [1]. 

Comment calculer votre IMC ?L’indice de masse corporelle (IMC) est le rapport du poids sur la taille au carré. Il s’exprime en kilogramme par mètre carré. Par exemple, une personne d’1m74 est considérée comme obèse si son poids dépasse 74 kg.Vous pouvez facilement calculer votre IMC sur Internet. Il suffit d’indiquer votre poids, votre taille et votre âge, et vous aurez le résultat :en-dessous de 18,5, vous êtes considéré comme maigre ;de 18,5 à 25, votre poids est normal ;entre 25 et 30, vous êtes en surpoids ;au-dessus de 30, on considère que vous souffrez d’« obésité morbide ». 

Les femmes auraient deux fois plus de chances de survivre [2]

On constate qu’une majorité écrasante de patients en soins intensifs est masculine. La proportion oscille entre 75 % et 80 % dans le monde. En Espagne, le virus a tué deux fois plus d’hommes que de femmes, pour un taux d’infection à peu près similaire.

C’est avéré, les femmes vivent en moyenne 6 à 8 ans de plus que les hommes. Mais les causes de cette longévité restent encore à creuser. Un système immunitaire plus performant grâce aux hormones féminines serait une piste de réponse

Selon des études menées sur la grippe, le VIH, le virus Ebola et le virus de l’hépatite, les oestrogènes (hormones sexuelles féminines) réduiraient la réplication du virus et combattraient l’inflammation [2]. Les oestrogènes participent également à la réponse antivirale des poumons lors d’une infection, selon d’autres études.

Pourtant, la ménopause provoque un arrêt de la production des oestrogènes chez la femme. On pourrait donc s’attendre à ce que les femmes ménopausées soient plus fragilisées.

Mais les études montrent aussi que la vitesse de vieillissement du système immunitaire féminin est moins rapide que chez les hommes. Leur réponse inflammatoire à partir de 65 ans est d’ailleurs beaucoup plus marquée [3].

Des facteurs biologiques et sociaux 

D’autres facteurs, comme le rôle de la reproduction, jouent sans doute aussi un rôle. Les femmes pouvant transmettre des infections à leur enfant de la grossesse à l’allaitement, le virus s’adapterait pour être moins virulent [2]. En effet, quel intérêt pour un virus de se montrer trop virulent chez des hôtes qui lui permettraient de se développer ! Cela expliquerait pourquoi les virus seraient moins virulents chez les femmes que chez les hommes.

À ces éléments s’ajoute un mode de vie généralement plus sain chez les femmes. Les comorbidités comme l’hypertension, le diabète ou les maladies cardio-respiratoires, touchent davantage les hommes. Ils sont aussi plus nombreux à fumer. [3]

Certains scientifiques soulignent également un respect de l’hygiène et des règles plus fort chez les femmes. Des études psychologiques menées sur les comportements à risque, au volant notamment, y font écho, même si ces preuves sont toujours sujettes à caution. 

Homme ou femme, enfant ou adulte, il semble donc que nous ne soyons pas touchés de la même façon par le virus.

Portez-vous bien, 

Oscar

[1] ”Coronavirus: l’obésité est le principal facteur de risque d’intubation, Damien Mascret, Le Figaro, 12 avril 2020.

[2] « Coronavirus : les femmes sont-elles mieux protégées que les hommes ? », Céline Deluzarche, Futura Santé, 28 mars 2020.

[3] « Hommes et femmes, inégaux face au coronavirus », Etienne Meyer-Vacherand, Le Temps, 3 avril 2020.