Chers amis,

« Casser » les chaînes de transmission du Covid-19…

C’est l’un des objectifs prioritaires affichés par le gouvernement pour « réussir » le déconfinement.

Pour cela, il faut pouvoir tester les personnes malades, bien sûr, mais aussi identifier les « cas contacts », c’est-à-dire toutes les personnes qui auraient pu être contaminées à leur tour par ces malades… et les inciter à « s’auto-confiner ».

Dans chaque département, des « brigades sanitaires » sont ainsi désormais chargées d’« enquêter » sur l’entourage des malades pour isoler autant de personnes que nécessaire.

L’objectif de ces mesures est bien sûr d’éviter un redémarrage de l’épidémie et garder la situation sanitaire de la France sous contrôle. Ce que nous souhaitons tous.

« Des mesures tarifaires spécifiques »

Mais la mise en œuvre de cette stratégie est très loin de faire l’unanimité.

La gouvernement a décidé, sans les consulter, de se servir des médecins généralistes pour assurer cette mission de traçage. Les médecins de ville sont ainsi invités à recueillir « systématiquement » les informations suivantes sur leurs patients positifs au Covid-19 : nom, prénom, numéro d’immatriculation à la Sécurité sociale, date de naissance, adresse, coordonnées téléphoniques, adresse électronique.

Pour les inciter à pratiquer assidûment ce recueil des informations, des « mesures tarifaires spécifiques » ont été mises en place par l’Assurance maladie [1] :

  • une majoration de 2 euros par contact potentiel repéré par le médecin ;
  • une majoration de 4 euros pour chaque cas contact renseigné avec saisie de données complètes.

Pour certains médecins, ces mesures sont l’équivalent d’une « prime à la délation ».

Hélène Potrich, médecin généraliste à Sévérac-le-Château, dans l’Aveyron, fait partie de ces médecins en colère.

Dans la vidéo ci-dessous, partagée plus de 80 000 fois sur Facebook, elle hausse la voix contre le signalement des malades du Covid-19 et de leur entourage par les médecins :

https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=1326796277512201&id=100005455236172?sfnsn=scwspwa&extid=lUQPKfx1hiTQjnwq&d=w&vh=i

Le « coup de gueule » de cette médecin est loin d’être isolé.

Ce dispositif suscite des inquiétudes, au nom de la déontologie et du respect du secret médical, jusque dans les rangs de l’Ordre des médecins ou encore du  Syndicat de la Médecine Générale qui a publié un communiqué intitulé « Soigner n’est pas ficher » à ce sujet. [2]

Le syndicat appelle les médecins et les citoyens « à refuser cette pratique de fichage indigne qui porte atteinte à l’éthique professionnelle et qui, en dégradant la confiance qui existe entre les soigné·e·s et les soignant·e·s, risque d’aggraver la situation sanitaire au lieu de l’améliorer ».

Espérons que les contours de ce dispositif discutable se préciseront et que les médecins seront davantage consultés à l’avenir dans la mise en œuvre de la politique sanitaire.

Portez-vous bien,

Malik

[1] Alexis Orsini, « Coronavirus : Oui, les médecins pourront majorer le tarif de leur consultation pour les malades dépistés », 20 minutes, 6 mai 2020, disponible sur https://www.20minutes.fr/societe/2774107-20200506-coronavirus-oui-medecins-pourront-majorer-tarif-consultation-malades-depistes

[2] “Soigner n’est pas ficher – L’éthique des médecins n’est pas à vendre”, Syndicat de la Médecine Générale, 5 mai 2020, disponible sur : https://smg-pratiques.info/soigner-n-est-pas-ficher-l-ethique-des-medecins-n-est-pas-a-vendre